Charles de Mooij dirige le Noordbrabants Museum (le musée du Noord-Brabant de Bois-le-Duc) qui accueille la rétrospective « Jérôme Bosch, visions de génie » dont il est le co-commissaire.
Il est aussi l’un des principaux initiateurs du projet de recherche entrepris à cette occasion.
À quand remontent les précédentes rétrospectives consacrées à Jérôme Bosch ?
Quelques petites expositions lui ont été consacrées dans les années 1930 et 1950. Les deux dernières grandes rétrospectives sur Jérôme Bosch remontent à 1967, au Noordbrabants Museum de Bois-le-Duc, et 2001, sur les cimaises du Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam.
En quoi la rétrospective que vous organisez en 2016 diffère-t-elle des deux précédentes ?
Nous exposons en 2016 davantage de dessins et de peintures que lors des deux précédentes expositions. C’est la plus grande rétrospective de Bosch jamais réalisée. Certaines des œuvres que nous montrons n’avaient pas été exposées en 1967 et 2001. C’est le cas d’un dessin issu d’une collection privée belge, Paysage de l’Enfer, considéré jusqu’alors comme anonyme et qui a été attribué à Jérôme Bosch grâce à nos travaux de recherches. Nous exposons également un panneau de Jérôme Bosch, La Tentation de saint Antoine, qui dormait dans les réserves du Musée de Kansas City avant d’être découvert par notre équipe. Autre succès : presque la moitié des peintures de Jérôme Bosch qui sont exposées ont été restaurées suite aux travaux du Bosch Research and Conservation Project (BRCP). Nous avons proposé aux musées qui ne disposaient pas de moyens suffisants pour restaurer leurs panneaux de leur dispenser des conseils et de leur accorder des aides financières.
Comment êtes-vous parvenu à convaincre les plus grands musées du monde de vous prêter leurs panneaux de Bosch, sans réelle contrepartie de votre part ?
En 2007, Jos Koldeweij, professeur à l’université Radboud de Nimègue (Pays-Bas), et moi-même avons eu l’idée d’entreprendre un grand projet de recherche en créant le BRCP. Notre objectif était de progresser dans la connaissance de l’œuvre de Jérôme Bosch, mais aussi d’offrir une contrepartie à ces grands musées afin qu’ils acceptent de nous prêter leurs pièces à l’occasion de la rétrospective de Bois-le-Duc. Nos travaux de recherche scientifique portaient sur la cinquantaine de peintures et de dessins attribués à Jérôme Bosch. Des œuvres qui étaient conservées dans près de vingt-cinq collections différentes dispersées dans dix pays. C’est une entreprise unique pour un musée de la taille du Noordbrabants Museum d’être parvenu à réunir une rétrospective d’une telle ampleur. Malgré nos 200 000 visiteurs annuels, nous n’évoluons pas évidemment pas dans la même sphère que les grands musées internationaux.
Quel était le budget du BRCP ?
Nous disposions d’un budget de recherche de 2 millions d’euros. Et d’une somme de 700 000 euros pour couvrir les travaux de restauration. Nous avons créé une fondation, en 2009 avec l’appui notamment de la Getty Foundation, chargée de réunir les fonds nécessaires aux travaux de recherche et de restauration.
Quelles sont les principales autres découvertes réalisées grâce à votre programme de recherche ?
Les experts du BRCP ont attribué à Jérôme Bosch Le Jugement dernier, conservé au Musée Groeninge de Bruges. Ce tableau était autrefois considéré comme l’œuvre d’un suiveur du maître.
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Charles de Mooij : « La plus grande rétrospective de Bosch jamais réalisée »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°454 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Charles de Mooij : « La plus grande rétrospective de Bosch jamais réalisée »