Changer la vie

La période correspond à une nouvelle génération de photographes, d’appareils photo et de techniques d’impression. De la manifestation des Croix-de-Feu et de la Ligue Action française du 6 février 1934 à la fin du Front populaire en 1938,  Pierre Borhan – connu aussi sous son vrai nom, Pierre Bonhomme – relate chronologiquement les grands moments de cette période, signés Brassaï, Capa, Doisneau, Fred Stein, David Seymour, Henri Cartier-Besson, Kollar, Pierre Jamet… et autres auteurs aux noms restés anonymes. L’iconographie relaie les manifestations, les grèves, les usines occupées, les rassemblements politiques et les premiers congés payés de 1936. La mobilisation, la lutte, la fraternité, l’allégorie du travail dominent les images, l’aspect festif tout autant.

À la différence des photographes américains qui durant la même période s’intéressent à la misère sociale, en France, la dénonciation en images de la pauvreté ou des conditions de travail est réduite, comme le montre l’exposition. Peu de place également, dans la presse écrite de cette période, aux activités et manifestations dans l’Hexagone de l’extrême droite (y compris dans la presse de ses ligues), alors que l’actualité allemande ou italienne est régulièrement illustrée en images. Seule la lecture des articles (parfois d’une grande violence) renvoie à la montée des tensions et à l’existence de fractures profondes. Une dichotomie image-texte fort instructive sur l’époque.