Chagall, passage de couleurs

Après plusieurs années passées en exil aux États-Unis, il ressent le besoin, face aux nouveaux mouvements artistiques, de se redéfinir en questionnant la couleur. À travers une sélection de plus de cent trente œuvres, la présente exposition de l’Hôtel de Caumont met en lumière ce renouvellement artistique à travers les différentes techniques explorées par le peintre. Les vingt-six illustrations du Decameron de Boccace, présentées en ouverture du parcours, témoignent de cette nouvelle orientation du noir et blanc d’où l’on voit affleurer la lumière par un travail exceptionnel des reflets et des ombres. Chagall effectue des recherches autour du volume et de la forme, il les applique à la sculpture. La bête fantastique façonnée en plâtre puis en bronze noir reproduit le glissement du positif au négatif, du noir au blanc. L’œuvre céramique réalisée à partir de 1949 est influencée par le travail de la sculpture, de même que Chagall prolonge son geste pictural sur la céramique. Ces recherches nourrissent ses peintures, et la couleur se réinvente dans ces nouvelles formes. Les tonalités noires et grises de L’Exode, qui accentuent la dimension tragique de l’œuvre, les contrastes d’ombre et de lumière de Devant le tableau, qui créent la forme dans la forme, font place dans son œuvre mature à des couleurs fortes, presque crues. La couleur devient monumentale et nous éblouit. Chagall nous entraîne tout au long de ce parcours dans une belle rêverie.