Chagall et le livre

L’ouvrage, traduit en français par son épouse Bella, est illustré de vingt-deux eaux-fortes. Il ne cessera par la suite d’accompagner les textes les plus variés, en collaboration avec les plus grands éditeurs. Dès 1923, il illustre un certain nombre de livres d’art à la demande d’Ambroise Vollard. Il exécute tout d’abord cent sept eaux-fortes pour Les Âmes mortes de Gogol publiées en 1948. Il aborde ensuite le thème du cirque. Pour nourrir son inspiration, Vollard mettra à sa disposition une loge au cirque d’Hiver ! Il réalise autour du thème des Fables de La Fontaine un ouvrage riche de quarante-trois lithographies aux couleurs chatoyantes.

Dans un tout autre registre, Chagall exécute en 1931 pour l’éditeur Tériade une série d’illustrations sur la Bible. Ce texte sacré est un immense réservoir d’images pour l’artiste. Il peint quarante gouaches : « La plus grande source de poésie de tous les temps », écrira t-il. Durant son exil à New York, la magie des contes des Mille et Une Nuits lui inspire une série de lithographies aux couleurs de l’Orient. Sa collaboration avec le galeriste Aimé Maeght est on ne peut plus fructueuse : sa revue Derrière le miroir consacre, de 1950 à 1981, pas moins de onze numéros à Chagall, dont le mythique triple numéro de 1954 comportant onze lithographies originales de l’artiste.

Les créations les plus émouvantes sont toutefois ces eaux-fortes réalisées en réponse au poème-hommage de son ami Aragon. La plupart de ces ouvrages emblématiques sont présentés au Musée Chagall de Nice avec, en miroir, les peintures et les gouaches, parfois même leurs plaques de cuivre. La magie opère, car ce maître du merveilleux est un virtuose en gravure.