Le Musée de l’Homme dévoile toute la richesse de ses collections.
PARIS - Promis à un vaste chantier de rénovation (lire le JdA no 251, 19 janvier 2007, p. 7), le Musée de l’Homme, à Paris, a inauguré le premier volet de la « Saga de l’homme », exposition de préfiguration de ses futurs espaces. L’occasion pour l’institution de dévoiler toute la richesse de ses collections, habituellement réservées à la recherche, et de sortir de ses réserves les plus belles pièces de préhistoire et d’anthropologie. L’ensemble témoigne de la manière dont les scientifiques ont, au cours de l’histoire, cherché à décrire, à expliquer, bref à « exposer l’Homme ». Ce projet ambitieux, doté d’un budget important, reprend quatre grands thèmes universels – les origines, la science, la nature, le corps – évoqués à travers une scénographie spectacle peut-être trop dense. À vouloir trop en montrer en effet, le parcours se perd parfois dans une accumulation d’objets face à laquelle les cartels et aides à la visite demeurent insuffisants.
Monstruosités
La « Saga » démarre avec l’« Homme fantasmé » ou récit de l’élaboration des mythes des origines. Dragons, géants, monstruosités, évocations de la vie d’avant le déluge ou de l’existence possible d’extraterrestres, illustrent les multiples constructions par l’homme de son image ou de celle de l’autre, cet inconnu. Sont également abordées, ici, les questions de l’esclavage, du zoo humain, de l’antisémitisme ou du racisme. Alignés le long des étagères d’un espace clos dans lequel se voit plonger le visiteur, deux cent cinquante visages en cire révèlent les différents « types » anatomiques recensés au cours du XIXe siècle. Fruits d’une étroite relation entre un chirurgien et un modeleur, ces cires étaient réalisées directement sur des cadavres par moulage lors de l’autopsie. Chronologie couvrant 6 millions d’années, le « Buisson des lignées humaines » rétablit, quant à lui, notre phylogénie (origine génétique) depuis Lucy jusqu’à l’homme moderne. Certains des grands fossiles que possède le musée sont pour la première fois révélés au public ; ainsi du crâne de Cro-Magnon dit « le Vieillard », découvert en 1868 par le géologue Louis Larte et qui daterait d’environ 28 000 ans. L’homme retrouve également la place qui lui est due au milieu des grands singes, parmi lesquels figure le chimpanzé avec qui nous partageons plus de 99 % de gènes.
Si le propos scientifique est rendu peu lisible par une scénographie confinant parfois au bric-à-brac, l’exposition a le mérite de montrer l’étendue que couvrent les collections de l’institution. On peut toutefois s’étonner de la seule implication de Zeev Gourarier, directeur du département du Musée de l’Homme, au commissariat de l’exposition, là où on attendait également François Sémah et Serge Bahuchet, responsables des départements préhistoire et anthropologie rattachés au musée, garants du sérieux scientifique des futures présentations.
Musée de l’Homme, Palais de Chaillot, 17, place du Trocadéro, 75016 Paris, tél. 01 44 05 72 72, tlj sauf mardi, 10h-17h et 18h le week-end.
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissariat général : Zeev Gourarier, directeur du département du Musée de l’Homme, au sein du Muséum national d’histoire naturelle - Pièces exposées : 500 - Budget de l’exposition : 700 000 euros - Scénographie : Studio Ad’Hoc
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : Cet animal social