Ses photos de Brooke Shields, jeune fille pré-pubère au visage trop maquillé et au corps nu d’un érotisme insolent, ont largement contribué à la réputation de Richard Prince. Depuis, il promène son objectif à la recherche de l’Amérique profonde, faisant des portraits de Pamela Anderson ou d’anonymes, friands de chrome et de santiags. Le pire de la sous-culture américaine se concentre dans ses photos anodines. Anodines car sans réel style, ni talent. Il est d’ailleurs difficile de lui attribuer une photographie plutôt qu’une autre, car il mélange des clichés anonymes ou commerciaux aux siens et se plaît à choisir ses images les plus « amateurs ». Mauvais goût, « beaufittude » américaine sont sa signature, teintée par l’inventaire, plus intéressant celui-là, du déclin de la classe ouvrière et son cortège de villes paumées engluées dans la désolation rurale. D’aucuns diront que le vide et le « mal cadré » contribuent à des interrogations primordiales sur ce qui fait ou non une photographie d’art. Certes, mais l’ennui et le désintérêt sont-ils les seuls sésames possibles d’un questionnement critique sur ce qui fait l’art ?
La poursuite des cow boys de publicité, icônes du mythe américain, et l’observation de jeunes filles naïvement exhibitionnistes construisent davantage un panorama redoutable mais sans dédain d’une société en déclin. Cantonner Richard Prince à la seule critique sociale ne serait pas honnête tant sa photographie « sans talent » suscite une fascination édifiante pour le vide.
- BALE, Museum für Gegenwartskunst, St Alban-Rheinweg 60, tél. 61 272 81 83, 8 décembre-24 février.
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C’est l’Amérique !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°532 du 1 décembre 2001, avec le titre suivant : C’est l’Amérique !