Au travers de trois salles, l’exposition « Frida Kahlo : Appearances Can Be Deceiving » est pensée autour d’une myriade d’objets provenant de la Casa Azul, où l’artiste mexicaine habita la plus grande partie de sa vie.
L’exposition offre une nouvelle compréhension, très personnelle, de la vie fascinante de Frida Kahlo, qui fut aussi bien modèle pour Vogue que membre actif du parti communiste. Deux aspects ressortent particulièrement de l’accrochage : la revendication constante de ses origines mexicaines et son adhésion au parti communiste. Car, si Frida, fille d’un père allemand et d’une mère mexicaine, née Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón, choisit d’exercer sous le nom de Frida Kahlo, elle n’en est pas moins fière de ses racines. Sa collection d’objets précolombiens, tels que les figures olmèques qui deviennent dans ses peintures des formes d’alter ego, en est le témoignage. Son engagement politique est un autre fil rouge de sa vie, et de nombreuses photographies montrent l’artiste à des réunions du parti, notamment lors de sa dernière apparition publique, à l’occasion d’une manifestation contre la CIA, avant sa mort le 13 juillet 1954. L’exposition met l’accent sur les huipils (blouses traditionnelles mexicaines) et les robes Tehuana qui permettaient non seulement à l’artiste d’affirmer sa nationalité, mais également de cacher son handicap. Bien qu’il soit connu, l’accident de bus dont elle fut victime à l’âge de 18 ans prend, sur les murs du Brooklyn Museum, une nouvelle dimension. La souffrance que nous connaissons de Frida sort du mythe pour devenir réalité. Le visiteur est confronté aux corsets médicaux, sur lesquels l’artiste peignait des éléments clefs de sa pensée. Un signe communiste sur les uns, un fœtus, symbole de sa stérilité, sur les autres. Les flacons vides de médicaments, les ordonnances ou sa prothèse, entièrement décorée, sont tout autant des repères dans la trajectoire et l’œuvre de Frida Kahlo.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Ce que les objets nous disent de Frida