Rome

Carrà dérange toujours…

Une nouvelle et remarquable sélection de l’œuvre

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 537 mots

Sept ans ont passé depuis la plus grande rétrospective jamais consacrée à Carrà, au Palazzo Reale de Milan. Une nouvelle mise en scène de l’œuvre, avec des innovations d’importance.

ROME - La Galerie nationale d’art moderne présente une anthologie de l’œuvre de Carrà. Les commissaires sont Domenico Guzzi et une équipe restreinte de la Galerie : la directrice Augusta Monferini, Rita Camerlingo, Mariastella Margozzi et Livia Velani. Mêmes prêteurs italiens et étrangers, publics et privés, avec quelques noms nouveaux ; mêmes chefs-d’œuvre, mais aussi quelques innovations d’importance.

Le parcours reprend la carrière de l’artiste : les œuvres de jeunesse, fortement marquées par le Divisionnisme, puis le Futurisme, le Cubo-futurisme, la peinture de la "période métaphysique", Valori plastici, "Novecento", et les œuvres ultimes. À quoi s’ajoutent les cartons, les dessins et une reconstitution de l’atelier. Le point de départ obligé est La rue de la maison, splendide encre et aquarelle sur carton, datée de 1900, encore imprégnée du XIXe siècle lombard, mais déjà fragmentée par les influences divisionnistes et symbolistes. Chicago a prêté Les cavaliers de l’Apocalypse, toile démoniaque de 1908, deux ans avant son adhésion au Futurisme.

C’est ensuite la rencontre avec Marinetti et le Manifeste de la peinture futuriste, puis la première exposition au Pavillon Ricordi (1911). Les chefs-d’œuvre alors présentés ont gardé leur pouvoir de scandale : la Sortie du théâtre (Tate Gallery), Les funérailles de l’anarchiste Galli (MoMA) et les Nageuses (Musée Carnegie de Pittsburgh).

La "période métaphysique"
Au cours de ces années cruciales, Carrà fait alterner de fréquents voyages à Paris, où il se lie avec tous les grands artistes et les intellectuels de l’époque, dont Guillaume Apollinaire et Picasso ; à Milan, où il participe au mouvement futuriste de Marinetti ; et à Florence, où le peintre collabore au groupe La Voce. Il est sensibilisé très tôt au Cubisme, ce qui l’aidera à définir les concepts de dynamisme / simultanéité / interpénétration. Naissent ainsi Rythmes d’objets (Brera), La femme et l’absinthe (Cologne), La gare de Milan (Stuttgart) et le travail sur papier entoilé intitulé Le cavalier rouge (Brera). La "période métaphysique" se développe avec les études sur la peinture de Giotto et d’Uccello, pour arriver à la rencontre à Ferrare des frères De Chirico et d’Alberto Savinio, avec qui il travaille à la revue Valori plastici (1918-1922).

C’est l’époque de nouveaux chefs-d’œuvre comme Composition TA (Francfort), La Muse métaphysique (1917), Mère et fils et La chambre enchantée (Brera), L’ovale des apparitions (Galerie nationale d’art moderne), Les filles de Loth (Cologne), puis, au début des années vingt, le célèbre Pin au bord de la mer (Collection Casella), La maison de l’amour et Les Dioscures (Brera). Carrà adhère au "Novecento" de Sarfatti. Cette période s’ouvre avec Voiles dans le port (1923), puis Été (1930), le Pont transbordeur, (1930) au C.N.A.C., et la Partie de football, (1934) à la Galerie nationale, pour aboutir à la Composition au cheval et au chien, (1940) Assitalia, et à des paysages toujours plus intimistes. Jusqu’à sa mort en 1966, la production n’offre plus d’évolution sensible.

L’exposition est complétée par une section consacrée aux dessins (plus de cent, dont trente inédits) et aux gravures (eaux-fortes et lithographies).

"Rétrospective Carrà", Palazzo Reale, Milan, Galerie nationale d’Art moderne, 14 décembre 1994-26 février 1995.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Carrà dérange toujours…

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