Après Pierre Soulages à Conques, Sarkis à Silvacane, Jean-Pierre Raynaud à Noirlac ou Christophe Cuzin à Lognes c’est au tour de Carole Benzaken de s’essayer au difficile exercice du vitrail. Une pratique qui semble séduire de plus en plus d’artistes plasticiens et trouver un écho favorable auprès de la commande publique. L’entreprise est pourtant périlleuse, subissant les contraintes du matériau, de l’iconographie religieuse ou encore du travail collectif. Pour cette fois, l’artiste a investi l’église paroissiale Saint-Sulpice de Varennes-Jarcy, modeste édifice roman du XIIIe siècle fraîchement rénové, dont les vitraux originels (aujourd’hui conservés au musée de Cluny) avaient été remplacés par des verrières industrielles. Obéissant à une continuité thématique, la nouvelle réalisation se devait d’aborder au moins le motif de l’arbre de Jessé. Les commanditaires ont visiblement su assouplir le cahier des charges, laissant à Carole Benzaken le loisir d’interpréter la généalogie symbolique du Christ avec une grande liberté, voire une relative hardiesse. Renouant avec le vocabulaire floral, qu’elle avait pourtant abandonné en 1995 pour entreprendre le questionnement de l’image médiatique, l’artiste opte pour une déclinaison tendre et flamboyante du seul motif de la tulipe, tulipe sectionnée, répétée, morcelée comme autant de formes nouvelles. Les possibilités chromatiques et formelles de la fleur, sa fragilité et sa transparence, le motif végétal transposé aux processus vitaux (la vie, la mort et la résurrection du Christ) auront eu raison des réticences premières de l’artiste. Elle se risque finalement à une réalisation formellement homogène, jouant de la symbolique des couleurs privée de toute figure humaine. Le résultat, impeccablement rendu par le travail du maître-verrier Gilles Rousvoal, lorgne du côté des découpages matissiens, adoptant un ton lumineux et sensuel. Et si l’ensemble des dix verrières n’évite pas tout à fait l’écueil du décoratif, le bel équilibre des couleurs d’une étonnante vivacité, comme frottées directement sur le verre, parvient à créer une atmosphère tout en nuance et en intensité.
VARENNES-JARCY, église Saint-Sulpice, renseignements en mairie, tél. 01 69 00 11 33.
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Carole Benzaken : le « tulipier » de Jessé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Carole Benzaken : le « tulipier » de Jessé