Située à une quarantaine de kilomètres au sud de Porto, la petite ville de Sào Joào da Madeira accueille dans une friche industrielle un centre d’art contemporain ouvert fin 2013 et abritant la collection Treger/Saint Silvestre.
« Histoires de violence », l’une des trois expositions temporaires de l’été, met en résonnance des pièces de cette collection avec des créations provenant d’autres collections privées. Des œuvres d’artistes classés dans l’Art brut, tels Henry Darger, André Robillard et Foma Jaremtschuk, y côtoient des réalisations de créateurs contemporains comme Robert Combas et Peter Saul. La violence, thème de l’exposition, est partout, dans la vie, dans l’actualité, répercutée en permanence par les médias. Ce parcours présente l’immense qualité, non pas de prendre des distances avec des réalités insupportables – il n’y a pas de bonnes distances à prendre avec la violence –, mais de nous confronter à des dessins, des peintures et des sculptures si riches en humanité et sensibilité qu’on y ressent la condition humaine comme une réalité infiniment contradictoire : Éros et Thanatos en conflits permanents. Les grands corps masculins – parfois plus grands que nature – peints puis soigneusement découpés par Misleidys Francisca Castillo Pedroso (née à Cuba en 1985) apparaissent avec une présence déconcertante, comme un exorcisme. Commissaire de l’exposition, Gustavo Giacosa propose un parcours souvent troublant mais nullement oppressant, grâce à une scénographie claire et aérée, autour de sept thèmes : Pulsions, Rivaux, Enfermement, Armes, Batailles, Victimes et Transformations.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Captivants imaginaires de la violence