Politiquement sensible, le sujet est abordé du point de vue de la civilisation et non de la religion, avec une orientation pédagogique qui met en valeur le multiculturalisme en Europe.
Bruxelles. L’exposition « Islam, c’est aussi notre histoire ! » bénéficie de soutiens européens car il s’agit de montrer comment les héritages musulmans ont enrichi la civilisation européenne. Le projet a ainsi été porté conjointement par l’association Musée de l’Europe, qui regroupe des personnalités politiques de tous bords, et l’agence Tempora spécialisée dans les expositions historiques. Un comité scientifique international (Allemagne, France, Belgique, Bosnie, Turquie) complète cette structure collégiale qui doit garantir l’objectivité du projet. Hébergée dans le bâtiment Vanderborght, elle se déploie dans les étages autour d’un atrium central transformé en café oriental à la décoration sobre. François Henrard, chargé de projet chez Tempora, explique : « Nous avons choisi trois périodes historiques et à chaque fois nous présentons ce qui s’est passé, les relations entre communautés et les héritages culturels. » Une dernière partie concerne la période contemporaine, dotée d’une scénographie différente.
Après un rapide prologue qui rappelle les origines communes des trois monothéismes, l’exposition bifurque vers l’Espagne musulmane (du VIIIe au XVe siècle) en évacuant la question religieuse, car il s’agit d’une « exposition de civilisation », comme le souligne François Henrard. D’où l’initiale majuscule au mot « Islam », bien que le grand public ne soit pas nécessairement sensible à la nuance.
Dans un décor de bibliothèque médiévale, des manuscrits arabes d’astronomie ou de chirurgie symbolisent l’échange des savoirs à l’époque, tandis qu’une carte rappelle les conquêtes arabes jusqu’aux Pyrénées puis l’étendue de la Reconquista. Mais ce sont les échanges interculturels qui sont mis en valeur, à travers des témoignages vidéo de personnages réels ou fictifs sur l’Espagne multiconfessionnelle.
La dernière section présente largement l’orientalisme dans le cadre de la période coloniale jusqu’aux décolonisations, le tout dans un décor de bassin portuaire. Les dynamiques des empires français et britanniques sont documentées à travers des tableaux orientalistes et l’évocation des Expositions coloniales, de la figure de Pierre Loti, des tirailleurs sénégalais ou de la guerre d’Algérie : le propos se dilue un peu ici. Après les Odalisques des orientalistes, il aurait été intéressant de montrer, par exemple, les mots anglais ou français empruntés aux colonies pour illustrer les héritages musulmans, alors que les organisateurs ont choisi des photographies d’immigrés pakistanais ou algériens.
Si cette exposition courageuse évite les stéréotypes, elle donne l’impression d’hésiter entre panorama historique, approche culturelle et propos artistique, et n’aborde pas toujours les questions polémiques. Celles-ci seront sans doute débattues dans le cadre d’un programme de conférences qui se tient en parallèle de l’exposition.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
A Bruxelles, l’Islam en partage
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : A Bruxelles, l’Islam en partage