Brute Embardée

Cette exposition thématique consacrée aux moyens de transport, réunissant plus de deux cents œuvres issues des collections de l’institution lausannoise, qui en détient plus de 60 000, est riche en troublants saisissements. Un navire totalement noir dominé par quatre énormes cheminées (Titanic, 2012, de George Widener, né en 1962 aux États-Unis) apparaît tout d’abord comme une construction quelque peu fruste. Puis, très vite, un étonnement saisit le regard : le bateau n’a pas de coque. Évidé, l’espace entre le pont et la quille est occupé par d’inidentifiables éléments en bois, en tissu et en papier, le tout noirci au feu. Comment ne pas être fasciné par ces fabrications hasardeuses qui nous montrent avec confiance que seul importe la densité passionnelle de l’imaginaire. Les auteurs, qui ici n’ont aucune prétention au statut d’artiste, sont capables de transformer le sujet le plus banal en délicate ou puissante pépite. Franz Kernbeis (né en Autriche en 1935) ou Fausto Badari (né en 1962 en Italie) proposent des véhicules issus d’univers jusqu’ici inconnus. Johann Hauser (1926-1996, né en Slovaquie) réinvente avec conviction des astronefs ou des engins terrestres les plus invraisemblablement présents. Cette exposition est la première édition des « Biennales de l’Art brut » créées à l’initiative de Sarah Lombardi, la nouvelle directrice de la Collection de l’Art brut, avec l’ambition de proposer tous les deux ans une exposition thématique réunissant des œuvres provenant exclusivement de la plus importante collection d’Art brut au monde. À suivre avec curiosité.