Bouddha tout sourire pour son festival belge

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 21 novembre 2008 - 407 mots

Au Pays du Matin calme, le sourire de Bouddha est doux et gracieux.

Il symbolise l’âme de la Corée, pays fascinant et duel qui conjugue la tradition la plus pure avec la modernité la plus débridée. Importé de Chine, le bouddhisme s’y est implanté au ve siècle, se teintant au passage d’animisme. Il imprègne encore la vie quotidienne coréenne – vingt-sept ordres bouddhistes et trois mille temples officiels – comme en témoignent d’innombrables trésors et autres objets usuels.
Pour promouvoir seize siècles d’art coréen en Europe, le palais des Beaux-Arts de Bruxelles présente dans le cadre d’une exposition historique cent trente pièces exceptionnelles dont douze « trésors nationaux » venant du Musée national de Séoul et d’autres institutions.
Le parcours chronologique permet de balayer une histoire riche et raffinée. On y trouve diverses représentations de Bouddha – Bouddha méditant tel ce magnifique Pensive Bodhisattva, doigts de la main droite contre la joue, pied sur le genou replié, Bouddha médecin un bol à la main, bouddha sauveur des âmes sensibles – et de bodhisattvas, en bronze doré, en fer et en pierre, de différents formats, de la sculpture géante à la figure votive.
On trouve également une sélection des plus belles peintures de la période Koryo (xiie), des éléments décoratifs de temples, des objets usuels ornés de motifs bouddhiques, des cloches en bronze, des objets rituels et des livres bouddhiques. Provenant des tombes royales, voici une ceinture et une couronne (vie) dont le motif rappelle que l’arbre fait le lien entre le ciel et la terre.
Le premier étage opère un bond dans le xxe siècle, avec une exposition de photos, « Sacred wood », qui continue la symbolique de l’arbre coréen. Bae Bien-U photographie depuis 1981 le pin – élément fondamental de son œuvre –, celui de Kanju, ville d’Inde où naquit le bouddhisme. La culture coréenne vénère l’arbre comme un être humain. Il n’y a pas d’êtres humains dans ses photos. L’arbre dans la forêt devient l’homme parmi ses semblables. Contemporaine encore, la présence de l’artiste historique Nam June Paik (1932–2006), fondateur de l’art vidéo, membre du Groupe Fluxus dont un musée sera bientôt dédié à ses installations singulières telle Eight Hundred and Eight Torments of Mankind présentée ici.
De nombreux autres spectacles, expositions et rituels agrémentent ce festival à consommer jusqu’au 18 janvier 2009.

Voir

« Festival Made in Korea, le sourire de Bouddha », palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Belgique)
www.bozar.be
jusqu’au 18 janvier 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : Bouddha tout sourire pour son festival belge

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