Près de un siècle après des découvertes archéologiques majeures, la Chine recèle encore des trésors surprenants. Deux expositions, à Londres
et à Turin, mettent en lumière l’iconographie, les techniques et les matériaux employés par
les artistes ou artisans en hommage à Bouddha à
partir des résultats de
fouilles récentes.
LONDRES et TURIN (de nos correspondants) - En 1996, à Qingzhou, une petite localité du Shandong, en Chine orientale, des centaines de statues de Bouddha et de Bodhisattva furent découvertes dans la cour d’une école. Datant pour la plupart du VIe siècle de notre ère, les pièces resplendissaient encore de leurs vives couleurs et de leurs dorures d’origine restées en grande partie intactes. Les plus délicates de ces 400 sculptures, désormais restaurées, sont enfin exposées au public européen. En effet, la Royal Academy of Arts de Londres – dernière étape de la rétrospective après le Musée Rietberg à Zurich – a sélectionné 33 œuvres qui bientôt rejoindront définitivement la Chine. Réalisées sur une période d’une cinquantaine d’années, elles constituent une source importante d’informations pour l’étude de l’évolution stylistique de l’art bouddhique en Chine. Toutefois, la raison qui a poussé à enterrer un si grand nombre d’œuvres sculptées au début du XIIe siècle n’a toujours pas trouvé de réponse définitive. Après de longues négociations entre les commissaires et les autorités en Chine, le Musée Rietberg avait obtenu la permission de présenter les statues sans vitrine, de sorte que le public puisse les contempler sous tous les angles. Disposant d’une des plus grandes collections de sculptures bouddhistes en Europe, dont certaines pièces remontent au VIe siècle, le Musée Rietberg a ainsi permis la confrontation entre des sculptures à peine découvertes et les riches collections de l’institution provenant d’autres régions de la Chine.
Les chefs-d’œuvre de la Fondation Agnelli
Constituée à partir des années 1980, lorsque lentement la Chine s’ouvrait à l’Occident, la collection de la Fondation Giovanni-Agnelli à Turin se compose de plus de 500 objets dont des céramiques, des bronzes, des laques, des objets en bois et des pièces en pierre datant de 3000 avant J.-C. au Xe siècle après. En collaboration avec la Fondation Crt et le Centre d’arts asiatiques, la Fondation Agnelli a organisé une exposition d’une cinquantaine de pièces. “Le choix s’est porté sur des céramiques et des bronzes, des matériaux ne présentant pas de problèmes particuliers pour la conservation et l’éclairage. Parmi les céramiques, les plus anciennes remontent au Néolithique, comme les deux exemplaires peints provenant de la zone nord-occidentale de la Chine, la première à avoir été découverte vers les années 1920. Parmi les objets plus rares, on trouve un vase ovoïdal de l’époque Han représentant un taureau et un guerrier, des pièces surprenantes par la restitution dynamique du mouvement et la couleur appliquée après cuisson”, explique Alexandra Wetzel, auteur du catalogue de l’exposition.
Orné d’une tête de phénix de la période Sui (581-617), un broc en grès présenté est représentatif d’une fusion originale d’éléments indiens et d’Asie centrale et peut être comparé à un exemplaire conservé au Musée de Pékin. Étant pour la plupart associés à de contextes funéraires, les objets permettent ainsi de créer un parcours chronologique illustrant les aspects matériels et spirituels de l’ancienne civilisation chinoise. En outre, l’exposition tient compte de l’évolution des techniques de travail de la céramique et du bronze et souligne particulièrement l’importance de l’outre-tombe, comme en témoigne l’arbre des monnaies propitiatoire fait de très fines branches dorées (Ier-IIIe siècles de notre ère) et le vase de l’âme (IIIe-IVe siècles) où l’on pensait renfermer l’esprit du défunt en lui fournissant tout type d’approvisionnement pour l’au-delà.
- LE RETOUR DE BOUDDHA, jusqu’au 14 juillet, Royal Academy of Arts, Burlington House, Londres, tél. 44 207 300 8000, tlj 10h-18h. - CHINE ANTIQUE. CHEFS-D’ŒUVRE DU NÉOLITHIQUE À LA DYNASTIE TANG, jusqu’au 29 septembre, Palazzo Madama, Piazza Castello, Turin, tél. 39 011 44 29 912, tlj sauf lundi 10h-20h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Bouddha dans toute sa splendeur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Bouddha dans toute sa splendeur