Vantée par ses organisateurs comme « la plus grande depuis 1981 », la dernière biennale du Whitney Museum, à New York, n’a malheureusement pas atteint les sommets que laissait entrevoir son ambitieux programme. Avec 113 artistes ou collectifs exposés, cinq œuvres présentées dans Central Park, plus de performances et d’art sonore que jamais, neuf œuvres faites spécifiquement pour l’Internet, et, pour la première fois, la représentation de l’architecture, la manifestation déborde effectivement cette année de son cadre habituel.
Rappelons que, Whitney Museum est supposée dresser un panorama de « l’art américain contemporain des deux dernières années » et c’est probablement là son premier travers. Peut-on encore donner une définition de « l’art américain » quand le choix des artistes qui participent se fait tout aussi bien parmi les citoyens américains vivant à l’étranger que parmi les étrangers vivant aux Etats-Unis ? Voulue par son commissaire en chef, Lawrence Rinder (ordinairement en charge du département d’art contemporain du Whitney), comme celle de la pluridisciplinarité, cette biennale restera surtout marquée par dans ses objectifs, la biennale du l’égarement de son propos. Alors que le champ d’application de ce qu’il est convenu d’appeler « art contemporain » ne cesse de s’élargir, il eût été certainement plus judicieux de réunir les pratiques autour d’une thématique unique plutôt que de laisser la porte ouverte à des propositions éparses tout en essayant vainement de cerner des tendances (l’exposition est organisée autour de trois thèmes on ne peut plus flous : les êtres, les espaces, les tribus). Il n’y a finalement rien d’étonnant à ce qu’une biennale qui se veut un panorama – avec tout ce que ceci suppose d’objectivité – en même temps qu’une prospection tous azimuts ne ressemble à rien tant qu’à la présentation des travaux de fin d’année dans une école des Beaux-Arts. Ajouté à cela un accrochage qui fait preuve d’un extrême cloisonnement, cette édition de la biennale n’est certes pas une réussite. Il faut malgré tout, en contrepoint de beaucoup d’œuvres marquées par un formalisme atone, garder en mémoire la présence de quelques pièces remarquables. Citons, parmi d’autres, celle du collectif Destroy All Monsters (Mike Kelley, Jim Shaw et Cary Loren), qui procède avec quatre peintures et une vidéo d’un hommage jubilatoire à la contre-culture américaine ; la performance vidéo de Christian Jankowski, qui s’est immiscé sur le mode tragico-comique dans le show télévisé d’un prédicateur baptiste ; ou encore l’intervention d’un groupe anonyme qui invite le public à visiter son Salon de Fleurus, reconstitution du salon parisien de Gertrude Stein dans un appartement de Manhattan.
- NEW YORK, Whitney Museum of American Art, 945 Madison Avenue, tél. 00 (1) 212 570 3600, 7 mars-26 mai.
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Biennale du Whitney : rendez-vous manqué
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Biennale du Whitney : rendez-vous manqué