Bertrand Lavier, artiste inclassable

En 1970, l’artiste français Bertrand Lavier participe au basculement des produits de consommation à l’intérieur de la sphère artistique. Ses objets du quotidien (réfrigérateur, cric, coffre-fort...), souvent repeints, sont érigés au rang d’œuvres d’art. « Pasticheur », il n’hésite pas à recouvrir et à se réapproprier une toile de Morellet, puise son iconographie chez Walt Disney, crée l’événement en réunissant des artistes portant le nom de Martin au sein d’une même exposition. Sa création inclassable questionne sans relâche le statut de l’œuvre d’art et le concept même d’exposition. En 1984, il affirme : « Je fais des expositions : je ne suis pas producteur d’images, je n’ai pas d’atelier ». Ses propositions débouchent toujours sur une situation plastique et conceptuelle globale. Comment peut-on alors exposer à nouveau des pièces conçues pour exister ensemble ? Le parti pris de Christian Bernard, commissaire de l’événement est de proposer une rétrospective de ses expositions. Il précise cependant que « la réactualisation d’expositions n’impose ni une reconstitution topographique littérale, ni le rassemblement de l’ensemble des pièces d’origine ». Celles-ci peuvent être réalisées aujourd’hui comme la manifestation elle-même sans souci chronologique. Ainsi,
« 5 pièces faciles » de 1980 est-elle présentée au MAMCO avec cinq œuvres de 2001. Plus de 50 créations font donc revivre 14 expositions de Bertrand Lavier. La manifestation est complétée par deux publications : Instantanés qui présente un travail photographique inédit et Conversations, précieux recueil des entretiens livrés par l’artiste.