Bernard Calet, espèces d’espaces

Depuis ses toutes premières œuvres, l’art de Bernard Calet s’intéresse à la question de l’architecture. La notion de bâti s’est amplifiée au fil du temps d’un questionnement proprement politique. D’un espace privé, elle a conquis un territoire élargi : interrogations sur la ville, sur l’habitat, voire sur la place de l’artiste dans la cité. En même temps, la démarche de Calet s’est plastiquement nourrie de toutes sortes de matériaux, de techniques et de procédures pour passer de l’ordre du volume à l’installation. L’art de Calet en appelle à la mise en œuvre de dispositifs plus ou moins complexes qui mêlent jeux de constructions, photographies, vidéos et projections et qui constituent autant de situations expérimentales à l’épreuve d’une désorientation. Pour ce faire, Calet joue volontiers dans son travail tant de télescopages d’images que de pièges visuels, d’effets tant miroitants qu’opaques, obligeant le spectateur à une mobilité discriminante selon qu’il choisit telle ou telle attitude. Ses pièces instruisent ainsi une sorte de pédagogie du désir que suscite le jeu interactif des éléments combinés. À Noisy-le-Sec, tout y est livré dans une abondance d’images et une multiplication d’espaces qui participent à exciter ce désir, comme en témoigne le travail que l’artiste a notamment réalisé avec les jeunes de la cité. La démarche de Bernard Calet se détermine à l’aune d’un écart entre une fiction et une réalité, comme le souligne Jérôme Diacre dans le texte qui accompagne l’exposition : « La fiction et l’habitation sont co-naturelles dans l’œuvre de Bernard Calet. Elles interagissent sur le même domaine de réflexion et dans le même champ pratique. »