Belgique - Art contemporain

Bruxelles (Belgique)

Berlinde De Bruyckere, la réparatrice

Bozar, Palais des beaux-arts – Du 21 février au 31 août

Par Gilles Bechet, correspondant en Belgique · L'ŒIL

Le 27 décembre 2024 - 322 mots

Art Contemporain -  Berlinde De Bruyckere (née en 1964) enlumine les coutures et les coupures, les plaies et les cicatrices du vivant pour rendre hommage à la force de vie.

L’artiste belge est touchée par ce qu’il peut y avoir de vulnérable dans l’homme et dans la nature. Elle s’intéresse aux choses auxquelles la société n’accorde aucune valeur pour leur en donner de nouvelles. Elle utilise des matériaux de peu, des arbres abattus par la tempête, des vieilles couvertures oubliées dans un grenier, du mobilier dépareillé, patiné par les ans. Émue par les milliers de chevaux morts sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, elle a fait de la carcasse du cheval un motif iconique dans son œuvre. Qu’elle sculpte des corps humains, des troncs d’arbres ou des bois de cerfs, Berlinde De Bruyckere a trouvé dans la cire un matériau sensible, en résonance avec toutes les émotions. « J’aime travailler avec la cire, parce que c’est un matériau qui ne bouge pas et qui m’écoute. Je pars de moulages faits d’après un arbre ou d’après un modèle que je vais ensuite refaçonner. La cire est très facile à travailler et à déformer. C’est un matériau qui permet aussi beaucoup de nuances dans les couleurs. Comme un peintre, je peins avec plusieurs couches successives de cire colorée pour arriver à une œuvre en trois dimensions », explique-t-elle. Il y a du sacré chez cette artiste qui s’inspire de l’iconographie chrétienne, de la mythologie classique et des œuvres des maîtres flamands. Un sacré qui lui reste aussi de sa stricte éducation catholique qui, chez elle, n’est pas un sacré inaccessible ou moralisateur, mais un élan vers ses semblables, pétri d’humanité, d’amour et de douceur, pour nous consoler de la violence et de la souffrance qui nous entoure. Une dualité qu’on retrouve dans sa récente série « Archanges », figures mi-célestes mi-humaines entre plumes, peau et cire, entre la chute et l’envol. Entre résignation et espoir.

« Berlinde De Bruyckere »,
Bozar Bruxelles, rue Ravenstein, Bruxelles (Belgique), www.bozar.be

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Berlinde De Bruyckere, la réparatrice

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque