Première du nom, la Biennale de Berlin réunit soixante-dix artistes internationaux jusqu’au 3 janvier. Répartie dans trois lieux différents et construite autour d’un parcours dans la ville, elle joue la carte de la pluridisciplinarité en se faisant notamment l’écho de la musique, de la mode et de la littérature.
BERLIN. Depuis quelques années, la ville s’est complètement métamorphosée. Attirant artistes et galeristes, abritant une foire d’art contemporain rivale de celle de Cologne, Berlin accueille aujourd’hui une biennale qui participe de la même logique : faire de la future capitale de l’Allemagne un haut lieu de la création actuelle. Tout comme pour la dernière “Manifesta”, le propos de l’exposition s’articule autour des relations entre culture locale et culture globale, ce que les organisateurs ont d’ailleurs formulé par un néologisme, le “glocal”. La manifestation tire parti de la configuration de la ville, avec ses nombreux terrains vagues. Ainsi, les œuvres ne sont pas présentées dans des espaces d’exposition traditionnels mais dans trois lieux du centre de Berlin qui attendent d’être rénovés : le Postfuhramt (l’ancien bâtiment néo-Renaissance de la Poste centrale datant de 1870), le Kunst-Werke Berlin (un centre d’art créé en 1991 et installé dans un bâtiment de 1790) et le site historique de l’Académie des beaux-arts, construit en 1905.
Glisser sur un toboggan
Le directeur de la Biennale, Klaus Biesenbach, 31 ans, qui travaille entre Berlin et New York où il est commissaire d’expositions au P.S. 1, a disposé d’un budget total de 2,5 millions de deutschemarks (8,3 millions de francs), 1,5 million provenant de la loterie allemande et du Fonds pour la culture. Le reste du financement a été difficile à boucler, principalement grâce à des sponsors privés comme l’agent immobilier Eberhard Mayntz. Les soixante-dix artistes ont été choisis sur les conseils de Nancy Spector, du Guggenheim Museum de New York, et de Hans-Ulrich Obrist, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Chacun des créateurs invités présente deux pièces, dont une spécialement créée pour la Biennale. À côté de Dominique Gonzalez-Foerster/Anne Frémy, Thomas Hirschhorn/Georges Tony Stoll, Fabrice Hybert et Mathieu Mercier qui vivent tous en France, Carsten Höller a créé pour le Kunst-Werke un toboggan permettant au visiteur de glisser facilement d’un étage à l’autre. Au même endroit, Dan Graham, en association avec l’architecte Hanne Nalbach, a conçu dans la cour le “Café Bravo”. Douglas Gordon a filmé un couple s’embrassant pendant vingt-quatre heures sous un réverbère près de la Sophienstraße, et Olafur Eliasson, après avoir coloré en vert les eaux de la Spree, a accroché dans le Postfuhramt un ventilateur rythmant l’espace de son mouvement et du son qui l’accompagne. Enfin, de nombreux artistes berlinois, très inspirés par la musique techno, exposent leurs installations “trash”.
Jusqu’au 3 janvier, Postfuhramt, Tucholskystraße / Kunst-Werke, Auguststraße 69 / Akademie der Künste, Pariser Platz 4, Berlin, tél. 49 30 28 59 91 48, Internet : www.berlinbiennale.de. Catalogue “Berlin/Berlin”?, éd. Cantz, 400 p., environ 120 F.
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Berlin a les dents longues
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Berlin a les dents longues