Bénédictions

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 mars 2003 - 360 mots

Derrière un titre à tiroir – « Mixed Blessings » signifie « bénédictions mitigées » et s’apparente aussi à l’expression « à double tranchant » – se cache une exposition facétieuse et ambiguë. C’était le moins qu’on pouvait attendre de Guillaume Paris, grand manipulateur d’images et promu membre dans la jeune garde de l’art contemporain français en 2000, par l’exposition inaugurale du Centre Georges Pompidou, « Jour de fête ». Là, on avait pu découvrir ses talents de prestidigitateur dans des vidéos apparemment absurdes,  répétitions de courts extraits de dessins animés où un hibou passait son temps à marcher en cercle. L’hypnose était déjà au rendez-vous et n’a depuis cessé de tarauder cet artiste français toujours en quête d’images et d’objets. Digne suite de sa grande exposition organisée l’an dernier à Strasbourg, le déploiement de Noisy-le-Sec annonce également un prochain rendez-vous au Palais de Tokyo avec la Caisse des dépôts et consignations. Cette riche actualité a laissé tout de même le temps à Guillaume Paris de préparer une nouvelle création, Wolf, une sculpture animée et animale qui s’attaque une fois de plus aux petites mythologies. D’ailleurs, la figure tutélaire de Roland Barthes n’est pas loin, assimilée avec justesse et esprit à travers des assemblages et des détournements d’objets. Dans Cuddly, la petite fille d’un paquet d’adoucissant s’anime pour raconter à sa façon l’histoire d’Harry Potter, le petit sorcier qui a fait sauter le box-office à Noël. Cette drôle de mise en abyme entre des produits de marketing et des stratégies commerciales, ausculte autant la publicité, la culture de masse que la magie dans un univers à la fois troublant et amusant. De réclame, il sera encore question avec des Vierges à l’Enfant pas très catholiques, icônes de publicité défraîchies et exposées dans des caissons lumineux high-tech. Une madone vantant les mérites de la lessive Lux montre son vrai visage, à la fois innocent et symbole religieux, et trahit la toute-puissance des doctrines publicitaires. Décidément, dans le monde de Guillaume Paris, les images et les objets révèlent toujours des secrets, au-delà d’une apparence saugrenue ou potache.

NOISY-LE-SEC, La Galerie, 1 rue Jean Jaurès, tél. 01 48 46 10 70, 1er mars-13mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°545 du 1 mars 2003, avec le titre suivant : Bénédictions

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