Gabriel Belgeonne expose un ensemble convaincant d’une soixantaine d’œuvres récentes qui mettent l’accent sur l’absence, le néant, la trace, le geste, et la nécessité d’ériger chaque image comme lieu privilégié d’une pensée multiple.
NAMUR - Belgeonne est un homme de papier. Non seulement de la feuille que l’on couvre de traits, mais du papier en tant que matière qui absorbe l’encre avec délice. Ce contact privilégié, que l’artiste explore et exploite comme graveur ou comme éditeur avec sa maison baptisée Tandem, se place sous le signe de la révélation. La forme, la couleur et la ligne naissent de cette aptitude à fouler l’étendue vierge qui recueillera le moindre accident comme la trace d’un travail d’inscription. Là où le texte envahit le champ blanc, le trait déserte l’espace pour laisser vibrer la matière seule. Les œuvres récentes herbergées par le Musée Rops ont renoncé à l’anecdote pour s’ancrer sur les rivages d’une pensée orientale. Le vide occupe l’espace de sa présence modulée. Le geste y prend position, les couleurs s’y organisent dans la retenue. Chaque planche requiert la suivante, et l’esprit de suite cher à Belgeonne relève autant d’un désir de variété que du besoin de dépasser l’équilibre consacré pour en atteindre un nouveau.
L’exposition, présentée avec sobriété, regroupe ses créations les plus récentes. Au sein d’un musée consacré à Rops, Belgeonne témoigne de la permanence d’un esprit propre aux graveurs : une poésie faite de morsure et d’acide, de traits secs et de gestes amples. Une exposition rare, empreinte de gravité et de légèreté.
GABRIEL BELGEONNE, Musée provincial Félicien Rops, à Namur, jusqu’au 14 avril, tous les jours sauf le lundi de 10h à 17h, entrée jumelée avec le musée.
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Belgeonne et ses palimpsestes du néant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Belgeonne et ses palimpsestes du néant