Originaire de Leipzig, né en 1884, mort à New York en 1950, Max Beckmann s’est longtemps montré rétif à toutes les esthétiques novatrices de sa génération. Attaché à l’idée de tradition, il cherchait à « aller au fond de la nature et de l’âme des choses » exploitant thèmes religieux et événements d’actualité avec les moyens de la peinture historique. Tout bascule avec la Grande Guerre, quand il se trouve confronté à la barbarie de l’humain et à l’horreur de la mort. Le choc reçu le conduit non seulement à se découvrir lui-même mais à se trouver en phase avec ceux qui animent le mouvement expressionniste. Son œuvre prend alors une tournure nouvelle – l’artiste cherchant à y conjurer la peur, la souffrance et la solitude, « la déréliction éternelle et sans fin » – dont témoigne notamment sa production dessinée et gravée. Le trait y est sec, bref, multiple. Les formes se fractionnent, les perspectives éclatent, l’espace de représentation s’effondre. Tout semble ne plus être régi que par des jeux de déformation, voire de distorsion, qui font la part belle à l’angle aigu. Une dizaine d’années durant, Max Beckmann ne cesse ainsi de multiplier dessins, lithographies et gravures, constituant volontiers de véritables suites sous forme de portfolios quasi narratifs. Portraits, autoportraits, scènes de guerre et images d’une Allemagne livrée au chaos, à la détresse et à la violence y sont les motifs récurrents d’un art qui dit la douleur profonde de l’être mais que la distance prise à l’égard du monde lui permet de faire apparaître comme une comédie grotesque. Une production d’images fortes et radicales que les nazis qualifieront plus tard d’« art dégénéré ».
« Max Beckmann – œuvre graphique 1914-1924 », KARLSRUHE (Allemagne), Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, Hans-Thoma-Str. 2-6, tél. 00 49 721/926 33 55, 19 février-22 mai.
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Beckmann, la mémoire graphique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Beckmann, la mémoire graphique