Beaubourg fait tourner ses collections

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 353 mots

Délicate succession à « Big Bang », « Le Mouvement des images » est la première vraie orchestration thématique des collections du Centre Pompidou, une échappée expérimentale en Cinémascope.

Que se passe-t-il cette année avec le septième art ? Les réalisateurs Jean-Luc Godard et Pedro Almodovar, exposés au Centre Pompidou et à la Cinémathèque, et Agnès Varda, invitée par la fondation Cartier en juin, témoignent de cette liberté recherchée dans la sphère des arts plastiques par les cinéastes.
Parallèlement, certains plasticiens, de Matthew Barney à Valérie Mréjen, sortent leurs films en salle ! Un jeu de vases communicants dont témoigne parfaitement le nouvel accrochage des collections du Musée national d’art moderne.

Des salles d’expo obscures
Cornaquée par Philippe-Alain Michaud, brillant historien d’art et auteur de nombreux ouvrages avec notamment, en 1998, Aby Warburg et l’image en mouvement, l’exposition offre une relecture ambitieuse de la création moderne et contemporaine par le prisme du cinéma expérimental. Une articulation en quelque deux cents œuvres ne frustrant aucun médium, de la peinture à la photographie, de l’architecture à la sculpture.
L’image en mouvement est représentée sous toutes ses formes, vidéo sur moniteur, projection, installation, sans effet de saturation. Et la colonne vertébrale de l’exposition, une longue rue aux murs noirs, ponctuée de treize projections de films, donne le ton : austérité, graphisme et noir et blanc. Une sécheresse compensée par un bel exercice de l’espace, qui ménage de belles transversales et amène le visiteur-spectateur à composer un montage inédit et pertinent.

Hors champ ?
Mais l’exposition se décadre trop elle-même pour contenter pleinement le visiteur cinéphile, amateur d’art ou simple curieux. Non pas que l’application du concept aux œuvres et à l’espace ne soit juste. La présence incohérente, voire incongrue, de certaines pièces offre une opportunité fâcheuse, celle de se focaliser sur les absences. Et elles sont légion.
Mal assumée, la sélection drastique transforme les absences en faute. Le projet semble s’être fait déborder par la nécessité de montrer certaines nouvelles acquisitions, qui étiolent la ligne claire de l’exposition par des rapports parfois anecdotiques au sujet. Mais l’exposition confirme heureusement le sentiment de se promener devant une collection d’exception.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Beaubourg fait tourner ses collections

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