Balade en bord de Seine

RUEIL-MALMAISON - Sous un titre propre à appâter le chaland, « Reflets de la Seine impressionniste » propose à L’Atelier Grognard, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), une balade au fil de l’eau, le long de la boucle de la Seine, à l’ouest du Bassin parisien, source d’inspiration de plus d’un peintre du dimanche. Couvrant un siècle de production paysagère, le parcours démarre en 1830 avec quelques exemples de peinture de plein air, tradition initiée à Barbizon et Fontainebleau, pour s’achever dans les années 1950 avec l’industrialisation progressive des rives autrefois champêtres. En dépit de moyens modestes, l’exposition fait revivre la popularité croissante de la région, promue dans le cœur des ouvriers en quête de fraîcheur grâce à la ligne de chemin de fer reliant la gare Saint-Lazare à Saint-Germain-en Laye. L’effervescence des guinguettes de Bougival et Croissy-sur-Seine (site de la célèbre Grenouillère) y est notamment illustrée par des séries de caricatures de presse provenant des collections du Musée de la Grenouillère – dont le président, Jean-Louis Ayme, n’est autre que le co-commissaire de l’exposition. Passé le foisonnement citadin du sacro-saint dimanche, la poésie des berges de la Seine est évoquée dans quelques belles scènes bucoliques – La Berge du Petit-Gennevilliers et la Seine de Gustave Caillebotte ; La Seine au Bas-Meudon d’Albert Lebourg. Tandis que la modernité, ses péniches et ses écluses est rendue par une intéressante série de dessins à l’encre signée Albert Gleizes.
Les toiles impressionnistes ne représentent que la partie congrue de l’ensemble comptant près de 150 œuvres, l’Atelier Grognard n’étant pas le Grand Palais. Le visiteur ne peut ainsi espérer y trouver les chefs-d’œuvre de Renoir comme Le Déjeuner des canotiers (1880-1881, Collection Phillips, Washington D.C.) ou encore La Danse à Bougival (1883, Museum of Fine Arts, Boston) ! Cette manifestation est néanmoins la première organisée de A à Z par l’Atelier Grognard, espace municipal habitué à accueillir des expositions clés en main. Saluons donc cet effort visant à dynamiser l’attrait patrimonial de cette grande banlieue parisienne, dont neuf communes sont déjà regroupées sous le label « Pays impressionniste ». Un exemple que la commune d’Argenteuil (Val-d’Oise) souhaiterait suivre en faisant classer plusieurs sites immortalisés par les peintres impressionnistes. Mais avant d’intégrer la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, un grand travail de réhabilitation et de revalorisation attend les responsables municipaux, une tâche plus délicate.