À Sérignan, on entre au musée comme on va se baigner : en déchaussant ses tongs. Il faut dire que la paire de nu-pieds abandonnée par Olivier Babin sur le béton vitrifié n’est pas des plus confortables.
Peinte à la main, elle est réalisée en bronze. Un peu lourde donc, mais bigrement efficace, à l’image du titre de l’exposition du Musée régional d’art contemporain : « C’est l’amour à la plage ». L’intitulé, emprunté à la chanson du groupe Niagara (1986), est un peu facile, certes. Mais qui en voudrait au musée d’aller chercher un public de vacanciers sans doute plus enclin aux baignades en Méditerranée qu’à la « déferlante » obtenue dans l’exposition à partir d’une simple bobine de papier bleu déroulée par Davide Balula ? Surtout quand l’œuvre, baptisée Blau, Blau, Blau (2010), est placée dans l’alignement du Soleil couchant de Pierre Ardouvin (2005), une sphère de Plexiglas orange appuyée contre le mur et éclairée au revers par un néon. Effet garanti, sans coup de soleil.
Efficace, on vous dit, comme ces extraits de vidéos de couchers de soleil trouvés sur Internet en tapant le mot-clé sunset (« coucher de soleil ») par Jean-Claude Ruggirello. Lorsque l’artiste aligne les horizons dans un défilé ininterrompu de soleils couchants... le résultat est hypnotique (Sunset, 2008). L’effet est dû à la répétition, comme dans cette « composition par ralentissement pour séquence de quatre éléments », entrelacs de temps et d’espace musicaux reproduisant plastiquement le mouvement des vagues, signée Detanico & Lain. Non loin, un coquillage, résidu d’une performance de Becquemin & Sagot, diffuse à qui veut tendre l’oreille le roulis continu des vagues. Va pour « la plage » donc, mais pour « l’amour » ? S’il n’était pas présent dans les photos de plage d’anonymes collectées par la documentation céline duval, il faudrait aller le chercher dans cette Grande Éjac à la mouette (2003), reproduction à l’huile sur toile d’une image pornographique par Ida Tursic et Wilfried Mille. Jubilatoire.
« C’est l’amour à la plage », Musée régional d’art contemporain de Sérignan, 146 avenue de la Plage, Sérignan (34), jusqu’au 23 octobre 2011, mrac.languedocroussillon.fr
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Baisers et coquillages à Sérignan-Plage
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Abonnez-vous dès 1 €Vue de l’exposition « C’est l’amour à la plage », avec les œuvres de Tursic & Mille © photo Musée régional d’art contemporain de Sérignan.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°639 du 1 octobre 2011, avec le titre suivant : Baisers et coquillages à Sérignan-Plage