Le secret avait été bien gardé et la surprise est réelle lorsque le physicien François Arago présente l’invention du daguerréotype, le 7 janvier 1839, au cours d’une séance de l’Académie des sciences à Paris. Elle marque les débuts de la photographie, mais reste paradoxalement un aspect méconnu de son histoire. Si les premiers essais de Nicéphore Niépce (1765-1833) remontent à 1825, le procédé est réellement mis au point par Jacques Daguerre (1787-1851), à qui l’on doit la première chambre daguerrienne, portant le cachet du fabricant – Giroux – et la signature de l’inventeur. Le daguerréotype est un procédé mécanique qui permet de reproduire l’image se formant dans la chambre noire de manière chimique et mécanique, sans intervention manuelle. Le résultat est une image unique, sur plaque de cuivre recouverte d’argent, polie et réfléchissante comme un miroir, révélant les plus infimes détails, invisibles à l’œil nu, qu’aucun dessinateur ne saurait saisir de façon aussi précise. Entre 1840 et 1860, le succès du daguerréotype est immense, changeant véritablement le regard posé sur le monde et ses techniques de représentation. Il faut rappeler qu’il voit le jour dans une période d’avancées scientifiques et d’essor industriel considérables, et que la photographie aura, à ses débuts, un rôle essentiellement documentaire. Trois cents pièces sont rassemblées dans cette vaste exposition : en plus des daguerréotypes, pour la plupart anonymes et classés par thèmes – vues de villes, portraits, natures mortes, nus, photographies de voyage –, de nombreux objets, documents, appareils, journaux, peintures, lettres et manuscrits montrent les bouleversements que cette invention a pu provoquer, sur tous les plans : scientifique, artistique, social. Le portrait est un domaine privilégié, surtout dans les années 1840. Amateurs ou professionnels, inconnus et célébrités se livrent à cet exercice avec une frénésie que les caricaturistes – en particulier Daumier – n’ont pas manqué de croquer.
« Le daguerréotype français, un objet photographique », PARIS, musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’honneur, VIIe, tél. 01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr, 13 mai-17 août. À lire : cat. 432 p., 58 euros. Quentin Bajac, L’Image révélée, l’invention de la photographie, Découvertes Gallimard/RMN, 160 p., 13 euros.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Aux sources de la photographie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Aux sources de la photographie