Préhistoire

Autopsie

Le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse expose ses recherches

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 14 décembre 2010 - 456 mots

TOULOUSE - Exposer la préhistoire dans toute sa transversalité : le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, qui a rouvert au public en 2008 après une refonte complète de ses espaces, remporte ce pari audacieux avec « Préhistoire(s), l’enquête ».

Après un survol historiographique et apologique de la Toulouse préhistorienne, la démonstration fait la lumière sur l’actualité de la recherche, et applique les méthodes d’analyse contemporaine à un fleuron des collections du muséum : la double sépulture « A de Téviec » (Saint-Pierre-Quiberon, Morbihan), datée du VIe millénaire av. J.-C. 

Cette tombe a été découverte en 1928 par le couple Péquart, archéologues amateurs originaires de Nancy, qui l’ont aussitôt léguée au muséum. Le documentaire de fouille tourné à l’époque par les enfants du couple témoigne du démontage consciencieux de la tombe. Il a permis au naturaliste Philippe Lacomme de reconstituer la sépulture en 1938. C’est sur ce modèle qu’elle fut présentée au public jusqu’en 1990, avant d’être soumise à une nouvelle reconstitution dans les années 2000, bénéficiant des apports de la numérisation et de la tomographie médicale. L’exposition donne à voir ce processus de révision des données scientifiques, en ouvrant largement le propos à l’étude de la discipline. « Préhistoire(s), l’enquête » fait brillamment l’interface entre la communauté scientifique et le grand public. Pour ce dernier, elle offre un référentiel puissant – celui de la police scientifique, terrain bien connu des amateurs du petit écran – afin d’appréhender une période méconnue : le Mésolithique, souvent considéré comme une transition peu intéressante entre le Paléolithique et le Néolithique. Le visiteur se retrouve devant une table d’autopsie sur laquelle figure la modélisation de la sépulture de Téviec qui le confronte à une série d’énigmes à résoudre. Qui sont ces deux êtres humains ? De quand datent-ils ? D’où viennent-ils ? Comment vivaient-ils ? Comment sont-ils morts ? Autant de réponses à trouver en menant cinq investigations, de nature anthropologique, chronologique, environnementale, technologique et sociale. La fin du parcours révèle la véritable sépulture de Téviec et les résultats de l’enquête, lesquels remettent en question le savoir que l’on pensait acquis sur la tombe, et par là même sur la période. Pour Jean Guilaine, professeur au Collège de France et président du comité scientifique, « une autre enquête s’ouvre ici sur les comportements violents des sociétés de la préhistoire ». On regrettera toutefois que ce travail exemplaire, fruit d’une collaboration sans faille entre les différents spécialistes, n’ait pas été consigné dans un catalogue. Seul l’article de Gaëlle Cap-Jédikian publié dans l’ouvrage Le Muséum de Toulouse et l’invention de la préhistoire rend compte des résultats de l’enquête.

PRÉHISTOIRE(S), L’ENQUÊTE

Jusqu’à juin 2011, Muséum d’histoire naturelle, 35, allée Jules-Guesde, 31000 Toulouse, tél. 05 67 73 84 84, www.museum.toulouse.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, dimanche 10h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°337 du 16 décembre 2010, avec le titre suivant : Autopsie

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