À plus de 60 ans, Rodin délaisse le maillet et les ciseaux pour s’adonner pleinement au dessin, technique qui renouvelle sa vision du corps inspirée des modèles féminins passant par son atelier.
Trois cents dessins « d’après le modèle vivant » sont exhumés du fonds pléthorique du Musée Rodin qui renoue, par le nombre et l’esprit, avec les grandes expositions du début du XXe siècle : celle de la Sécession de Berlin, en 1903, et celle de la galerie parisienne Bernheim-Jeune, en 1907, toutes deux exclusivement consacrées à cet aspect méconnu de son œuvre que le musée souhaite, par ses expositions, faire découvrir au public.
Les œuvres choisies datent des trente dernières années de la vie du sculpteur, celles après 1890, pendant lesquelles il manifeste un désir impérieux de saisir par le dessin les « mouvements naturels » du corps. Pour cela, il refuse les poses figées ou apprises. La liberté accordée aux modèles qui s’exhibent à toutes les fantaisies acrobatiques débouche sur une indépendance croissante du trait et de la couleur. Il en résulte un mode graphique en totale rupture avec les dessins antérieurs de Rodin quand ceux-ci préparaient ses sculptures.
Les dessins autonomes étonnent par leur modernité. Leur trait synthétique permet de saisir le modèle avec une étonnante spontanéité. Les corps flottent dans des nuages d’aquarelle qui progressent vers la dissolution des formes prises dans une tempête de couleurs. Last but not least, la série des papiers découpés et assemblés (1900-1910) anticipe ceux de Matisse en même temps qu’elle ouvre un « espace immense aux artistes du XXe siècle ».
Musée Rodin, 79, rue de Varenne, Paris-7e, www.musee-rodin.fr
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Auguste Rodin dessinateur à croquer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Auguste Rodin dessinateur à croquer