Le domaine national de Chambord réunit au second étage du château une soixantaine de pièces (peintures, dessins, aquarelles, installation) de Philippe Cognée, l’un des peintres majeurs de ce début du XXIe siècle [domaine national de Chambord, jusqu’au 12 octobre 2014]. Cet ensemble s’articule autour du thème du portrait, abordé ici moins en tant que genre qu’en tant que question, afin d’établir des correspondances avec les galeries de portraits qui ornent cette demeure royale. À noter que, chez Cognée, tout fait portrait, y compris lorsqu’il représente des maisons, des champs, des poissons ou un quartier de viande, car l’aspect frontal de ses compositions – le sujet occupe quasiment tout l’espace du tableau – donne l’impression de faire face à de véritables « portraits » de paysages ou de natures mortes. Dans un décor aussi magistral (voûtes à caissons du donjon, célèbre escalier à double révolution, etc.), on aurait pu craindre que la peinture contemporaine de Cognée, d’ordinaire habituée à l’immaculé white cube, perde en intensité.
Or, c’est le contraire qui se produit car les « peaux de peinture » exposées, avec leurs effets vibratoires et leurs froides irisations, s’épanouissent royalement sur les pierres de tuffeau. Par ailleurs, le procédé créatif qui engendre ces toiles troublantes (partir d’une image pour l’effacer en partie) s’inscrit parfaitement dans ce lieu mémoriel qu’est Chambord. Les figurations troublées de Cognée, avec leurs crevasses et leurs fêlures, ouvrent le champ de l’imagination et de la mémoire au même titre que ce chef-d’œuvre architectural de la Renaissance française, à jamais hanté par ses fantômes prestigieux : François 1er, Léonard de Vinci, Lully, Molière…
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Au royaume plastique de Cognée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Au royaume plastique de Cognée