Au nouveau Frac, le futur commence… mal

Faisant le choix d’un audacieux parti pris, les architectes ont conservé dans son jus la halle AP2, dernier vestige – surnommée la « Cathédrale » par les Dunkerquois – de ce qui fut un important site de construction navale. Et ils ont fait surgir, tel un clone accolé à cette halle en béton, un édifice translucide aux dimensions identiques, comme une lumineuse sœur jumelle. L’effet produit par ces deux volumes homologues surgissant dans ce paysage maritime est singulier. L’on prend de front le premier, solidement ancré dans l’espace, le second apparaissant comme un fragile mirage…

L’exposition inaugurale de ce nouveau lieu offre au visiteur la découverte d’une infime partie des collections du Frac, riche de près de mille cinq cents œuvres, et malheureusement pas la plus inattendue. Il est regrettable de se retrouver face à un accrochage si peu stimulant. Un univoque « prêt à penser » culturel monopolise les espaces. Passons vite sur l’affligeante phrase de l’artiste Stiv Bators, en néon rose sur une façade : « L’art est simplement la preuve d’une vie pleinement vécue », pour parler de Rainier Lericolais et de son parcours sonore Le Son des dunes, disponible en trois langues (français, néerlandais, anglais). Équipé d’un casque relié à un lecteur MP3, le visiteur est invité à parcourir la distance entre le Frac et le Laac (Lieu d’art et d’action contemporaine) distant de 600 mètres. Il choisit librement chacune des trois pistes de la bande-son qui évoquent des moments ou des activités en relation avec Dunkerque (le carnaval, les Ateliers et chantiers navals de France, la pêche), son histoire (la guerre, le personnage historique de Jean Bart)… Également remarquable et spécifiquement créé pour la Halle AP2 par Angela Bulloch, l’installation Blowing in the Wind diffuse sur la façade avant du bâtiment une lumière qui varie en intensité suivant la force des vents.