Au Musée Soulages, l’architecture ancrée de RCR

La rétrospective de l’agence catalane RCR au Musée Soulages semble pourtant comme une évidence. « Ici, nous sommes un peu chez nous », aime à rappeler Carme Pigem, à propos du bâtiment construit avec Ramon Vilalta et Rafael Aranda pour accueillir la donations de Pierre et Colette Soulages et inauguré en 2014. Entre les trois architectes et l’artiste passionné par la chose construite, un dialogue fécond s’est développé ; une amitié est née. En témoigne, par exemple, la double chaise en bois et acier que les RCR ont dessinée à l’occasion des 80 ans de mariage du couple en octobre 2022. « Ici et ailleurs, la matière et le temps » éclaire bien la démarche du trio, nourrie par son rapport intime à la création artistique. Dans leur panthéon personnel, sorte d’exposition dans l’exposition, figurent un dessin de Salvador Dalí, une tête d’oiseau de Miró, une sculpture de Claudi Casanovas. Avec sa matière sombre et granuleuse, celle-ci dialogue parfaitement avec les grands Outrenoirs des collections permanentes. Le parcours architectural met, quant à lui, en valeur l’importance pour les RCR d’un ancrage au site et à la nature (jusqu’au respect des arbres présents sur les parcelles), ou de la notion de vide créateur qui fait écho à leur passion pour la culture japonaise. Sont présentées sous la forme de grandes maquettes, de photos et d’aquarelles, les principales réalisations de l’agence, de 1988 à aujourd’hui. On peut voir également des pièces de design et de mobilier, les Catalans aimant développer une approche globale de chaque projet. Les trois lauréats 2017 du prix Pritzker ont lancé le chantier du pôle artistique et culturel de l’île Seguin. Sur la pointe amont de l’île, le vaste complexe accueillera notamment la Fondation d’art contemporain du groupe Emerige et sera complété d’une passerelle d’acier qui reliera le site des anciennes usines Renault à Meudon. Livraison attendue pour 2024.