Art moderne

Au frais chez Le Sidaner

Par Guillaume Morel · L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 339 mots

Rien de plus rafraîchissant, en cette fin d’été, que les paysages subtils d’Henri Le Sidaner (1862-1939), baignés de silence, tout en harmonies délicates.

Né à l’île Maurice, Le Sidaner vit ses premières années à Dunkerque, avant de voyager aux États-Unis et à Bruges, mais aussi en Bretagne et dans le Midi, où il observe les effets de lumière, privilégiant les heures de l’aube ou du crépuscule. Cette attention portée à la nature changeante et aux jeux d’ombre vont nourrir toute son œuvre. Sa technique peu innovante trouve néanmoins un bel épanouissement dans ses compositions les plus célèbres, montrant des tables dressées dans le jardin de sa maison de Gerberoy, dans l’Oise. Il y multiplie les recherches chromatiques dans des camaïeux de verts (Les Tables au clair de lune), de gris (La Table au jardin blanc, Gerberoy), auxquels s’ajoutent parfois de petites touches de couleurs chaudes et lumineuses (des rouges, des jaunes…), subtils éclats de soleil dans la verdure (La Table au soleil).
À Chatou, village cher à André Derain (1880-1954) et Maurice de Vlaminck (1876-1958) qui y installèrent l’atelier qui deviendra le berceau du fauvisme, le musée Fournaise invite à se plonger dans la douceur d’une cinquantaine de toiles, gravures, dessins et esquisses d’Henri Le Sidaner. Conçue par Anne Galloyer et Yann Farinaux-Le Sidaner (l’arrière-petit-fils de l’artiste travaille actuellement à son catalogue raisonné), cette exposition offre un large panorama de la carrière du peintre intimiste. L’ensemble est plaisant, et l’on se laisse volontiers bercer par ses paysages bretons (Les Maisons des marins), ses intérieurs feutrés, sa série de Jet d’eau à Versailles ou sa Petite porte au Trianon, une huile sur toile de 1926 dont la composition et la palette évoquent le Pierre Bonnard (1867-1947) des années 1920.
Dénuée de toute présence humaine, la peinture d’Henri Le Sidaner est assurément celle du silence et de la quiétude, une belle incitation à la méditation.

« Henri Le Sidaner, le secret des lumières », musée Fournaise, île des Impressionnistes, Chatou (78), tél. 01 34 80 63 22, jusqu’au 29 octobre 2006.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Au frais chez Le Sidaner

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