Après un premier volet resserré autour des scènes espagnole, italienne et portugaise, l’exposition estivale du Carré d’art prolonge et corrige sensiblement le tir.
L’an passé, l’exposition voulait ancrer géographiquement son propos avec des artistes dont les pratiques avaient pourtant déjà largement assumé la mondialisation. Le chapitre 2008 devrait s’en tenir à une vingtaine d’artistes qui, bien que moins strictement assignés à un territoire, partagent un même engagement face aux conflits qui ont agité et agitent encore la zone élargie des Balkans au Moyen-Orient. Rien d’étonnant alors à ce que l’on y retrouve Yael Bartana et Akram Zaatari, deux des artistes présents dans l’exposition « Les inquiets » qu’on avait pu voir cette année à Beaubourg.
Beaucoup se posent la question de la représentation en général et de celle du conflit en particulier. Pour y répondre, tous ou presque prennent leurs distances avec le registre documentaire pour recentrer leur propos sur le langage de l’art. Micro-fictions, hors-champs et interstices, l’image – puisque c’est essentiellement d’elle qu’il s’agit – n’est que rarement frontale et paraît davantage décor et métaphore du quotidien que témoignage. Elle n’en est pas moins frappante. À l’image de la très brève vidéo du roumain Ciprian Muresan cadrant pleine face le visage d’un enfant passant son pouce sur son cou en signe d’égorgement.
À l’image encore de Stealing Beauty, vidéo légère et féroce de l’Israélien Guy Ben-Ner. Une famille modèle – la sienne – y est filmée façon sitcom dans une cuisine petite-bourgeoise. On est à l’heure de la vaisselle. Le père tout à ses assiettes sert à ses enfants une leçon sur l’avenir et la propriété avant que le spectateur médusé ne s’aperçoive que la scène est filmée in situ dans un décor de cuisine Ikea, puis dans une chambre à coucher avec prix, faux livres et étiquettes Grundtal de circonstance. Filmée à la va-vite et sans autorisation dans différents pays, l’amère comédie joue tout à la fois le jeu de l’occupation, celui de l’uniformisation des modèles familiaux et domestiques et des quelques désordres entre espaces privé et public. Ou comment renouveler la question du chez soi...
« Scènes du Sud II : Méditerranée orientale », Carré d’art, musée d’Art contemporain de Nîmes (30), www.carredart.org, jusqu’au 21 septembre.
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Artistes sous pression
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°604 du 1 juillet 2008, avec le titre suivant : Artistes sous pression