NEW YORK
- Alex Katz ne s’inquiète pas d’être un artiste « mineur » lorsqu’il est un artiste « majeur » et vice-versa, et cette autosuffisance tranquille qui lui permet de faire ce qu’il veut sans compromis, l’a posé en modèle pour plusieurs générations d’artistes. On peut détester ses Large paintings (comme il se plaît à les nommer d’un air sinistre) et trouver ses Small paintings impeccables ; on peut juger son travail froid et superficiel, et être touché par son propos ; on peut douter de son importance et la ressentir physiquement ; et tout cela est juste. Avec ses œuvres grand format exposées chez PaceWildenstein, d’autres plus réduites présentées dans les deux succursales du Whitney et l’ensemble de ses gravures sur bois et sur linoléum exposé chez Peter Blum, Katz est partout. Tom Ripley, qui peignait pour se faire plaisir au lieu de courir après le profit, aurait pu sans aucun doute signer des œuvres de ce type : amorales et mortellement séduisantes.
PaceWildenstein, 534 West 25th Street, New York, tél. 1 212 929 7000, jusqu’au 10 novembre.
PARIS
- Zilla Leutenegger s’est fait récemment remarquer lors de l’exposition « Je pense donc je suisse », au Frac Paca de Marseille, en présentant la vidéo Un homme sur la lune, montrant une femme en train d’uriner debout. La galerie Zürcher lui consacre actuellement une exposition personnelle dans laquelle on découvre avec bonheur une nouvelle vidéo intitulée Oh mein papa. L’artiste, qui se met systématiquement en scène dans ses différents travaux (les vidéos comme les dessins), est ici portée par un véhicule de chantier. Un étrange ballet mécanique a lieu dans un paysage inhospitalier, où la présence humaine paraît écrasée. Zilla Leutenegger fait subir des transformations à son film en diminuant progressivement la définition de l’image. Les pixels, qui apparaissent de plus en plus gros, « déréalisent » un récit déjà onirique à l’origine. Le traitement par masses colorées apporte à l’œuvre une dimension picturale, qui enrichit et renouvelle l’emploi du médium.
Galerie Zürcher, 56 rue Chapon, 75003 Paris, tél. 01 42 72 82 20, jusqu’au 28 novembre.
- Réalisées sur du tissu d’ameublement, les œuvres d’Heidi Wood interrogent les rapports ambigus qu’entretiennent peinture et décoration. L’artiste pousse sa démarche à l’extrême en présentant ses toiles dans des environnements aménagés comme des showrooms de grands magasins. Le consommateur/collectionneur peut ainsi découvrir l’œuvre en situation, telle qu’elle pourrait s’intégrer dans un appartement. Les différents éléments de l’installation (fauteuils, lampes…) sont également à vendre comme le serait le mobilier d’une enseigne spécialisée. Heidi Wood joue avec malice avec le statut de l’art, magnifiant les conditions de sa présentation pour le rendre plus attractif, ce qui souligne dans le même temps son caractère purement mercantile d’objet de consommation.
Éof, 15 rue Saint-Fiacre, 75002 Paris, tél. 01 53 40 72 22, jusqu’au 3 novembre.
- Si le travail d’Antoinette Ohannessian ne peut pas être qualifié, à proprement parler, d’in situ, il agit cependant comme un révélateur de l’espace. Quatre fines planches de contreplaqué sont ainsi placées de façon stratégique sur des éléments clés de l’architecture de la galerie Gutharc. Le texte inscrit sur ces panneaux énonce l’action mise en scène : Une planche qui retient sa chute, une planche presque posée, un mur interrompu par une planche, et un mur qui courbe une planche, laissant apparaître ce qui paraît évident et qui demeure invisible jusqu’à son expérimentation. L’artiste choisit d’intervenir le plus simplement et légèrement possible en posant ces œuvres sans clou, ni attache, dans une position précaire et transitoire.
Galerie Alain Gutharc, 47 rue de Lappe, 75011 Paris, tél. 01 47 00 32 10, jusqu’au 1er décembre.
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Artistes et galeries à travers le monde (26 octobre 2001)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (26 octobre 2001)