Un spectaculaire maelström envahit les très vastes espaces de la Gare Saint-Sauveur.
Des réalisations aussi variées que les neuf statues en argile cru d’Elizabet Cervino figurant neuf corps humains grandeur nature, debout, nus, se décomposant inexorablement sous l’effet de l’eau qui se diffuse sur eux à faible débit, des paysans cubains photographiés par Michel Pou Diaz, ou Immanence, un visage en volume de Fidel Castro de 4,50 m réalisé en 2015 par Yoan Capote avec de vieilles charnières de porte rouillées, témoignent de la vitalité et de la liberté de certains artistes cubains d’aujourd’hui.
La génération de sculpteurs, de peintres, d’architectes, de photographes, de vidéastes et de graphistes présents dans cette exposition, née à Cuba entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980, a commencé à travailler pendant la période spéciale accompagnant la crise économique apparue à la dislocation du bloc soviétique, jusqu’alors principal soutien économique de l’île. La modestie et la pauvreté des moyens et des matériaux mis en œuvre apparaissent clairement comme un dénominateur commun à de nombreuses réalisations présentes dans l’exposition. Généreuses, ironiques, caustiques, souvent engagées, les créations évoquent l’histoire, la diversité ethnique, le travail et l’humanité d’une île parfois meurtrie, souvent joyeuse, toujours fière. Après la mort de Fidel Castro en 2016 et les relations encore difficiles avec les États-Unis d’Amérique du Nord depuis l’élection de Donald Trump, le parcours apporte de stimulants éclairages sur la société cubaine.
Gare Saint-Sauveur, boulevard Jean-Baptiste-Lebas, Lille (59), www.olacuba-lille3000.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Artistes cubains : la volonté de créer