Ansel Adams : l’art de la précision

Centrée sur un des fameux « Museum Set Edition of Fine Prints » réalisés par le photographe à partir de 1980, cet ensemble de vingt-cinq images (dix choisies par Adams lui-même et quinze par l’acheteur à partir d’une sélection drastique de soixante-dix références) est très révélateur de l’évolution de son œuvre. La présentation met intelligemment en avant les variations obtenues par ces retirages agrandis dont la précision est frappante. Gagnant en sublime, ces « nouvelles » images ont subi un travail maniaque des contrastes allant jusqu’à proposer plus de dix intensités différentes dans une même photographie. Abusant des noirs profonds, Adams métamorphose ses sujets et les dramatise parfois à outrance. L’exposition fonctionne ainsi en duo sans avoir rien d’un systématique jeu des sept erreurs, puisque certains paysages révisés en 1980 jouxtent de plus petits tirages des années 1930, depuis des détails botaniques jusqu’à des compositions plus graphiques. L’exposition souligne l’engagement d’Adams à protéger la nature sauvage aux côtés du Sierra Club depuis 1919. Doit-on voir dans cet ensemble de retirages la volonté de magnifier la nature afin de mieux susciter l’admiration et la volonté politique de la préserver ? Il y a certainement de cela lorsqu’on sait que le président Ford demanda une des images d’Adams en 1975 pour la Maison-Blanche, occasion que le photographe saisit alors pour soumettre à la présidence une liste d’initiatives environnementales.