Anna & Bernhard Blume contre l’ordre établi des choses

« Les choses qui les peuplent sont aussi les objectivations de pulsions mises en sourdine. La remobilisation des meubles est donc nécessaire. Non seulement dans nos lieux d’habitation, pour qu’ils ne deviennent pas des lieux d’aliénation, mais aussi dans ce que l’on appelle l’espace public, pour qu’il ne se transforme pas en cauchemar », poursuivait-il. En douze pièces de grand format, Im Wahnzimmer développe à la Galerie de photographie les facéties des Blume quand ils transgressent le réel d’un intérieur petit bourgeois alors en vigueur dans la Ruhr.

Achetés en 2012 par le Musée national d’art moderne avec le soutien de la Galerie Françoise Paviot et le don d’Anna Blume, cet ensemble, le plus monumental des collections du musée, est au cœur du propos de Clément Chéroux et d’Andreas Fischer sur l’œuvre du couple allemand, ici abordée sous l’angle spécifique de la photographie transcendantale liée à l’occultisme et au paranormal. La photographie spirite a imprégné de bout en bout leurs performances et mises en scène ironiques de la société moderniste allemande des années 1970-1980. La mise en regard qui s’opère dans la Galerie de photographie entre Im Wahnzimmer et quelques pièces de choix de photographies médiumniques anciennes donne à voir leur source. Couplée aussi aux autres séries des Blume, dont la célèbre Cuisine en furie avec son vol de patates, Im Wahnzimmer est une véritable incitation jubilatoire à en découdre avec l’ordre des choses à laquelle on assiste le sourire aux lèvres.