« 129 DIE IN JET ». La formule est cinglante. Elle faisait la une de l’édition du New York Mirror le 4 juin 1962. Partagé en deux séquences égales, inscrit en capitales d’imprimerie, le titre du journal encadrait une imposante image de l’avion écrasé au sol.
Exclusivement réservée à cette information, la une agissait visuellement comme un manifeste : celui des débords d’une société en plein essor. Figure majeure du pop art, passionné par les mass media, Andy Warhol n’a pu résister à se saisir de cette image, à se l’approprier et à la reproduire en très grand format.
Ce faisant, il inaugurait toute une production d’images, extraites de la presse papier, qui allait lui permettre d’instruire une certaine temporalité dans son œuvre. Tout en même temps que de placer celle-ci à l’ordre d’une peinture d’histoire, à l’instar d’un genre artistique qui avait été longtemps considéré comme le premier d’entre tous et dont Guernica figurait comme l’ultime expression. S’en prenant à la une de publications médiatiques courantes et l’érigeant au rang d’œuvre d’art, Warhol dépassait la démarche simplement ready made de Duchamp en reversant la page titre à l’ordre de la peinture.
Le choix qu’il a fait d’événements spectaculaires, le plus souvent dramatiques mais parfois aussi futiles que le mariage de la princesse Margaret, participait par ailleurs à pointer du doigt la vanité de l’humaine nature. Aussi doit-on considérer cet ensemble de l’œuvre warholienne à l’égal des tableaux de crânes et de bougies des siècles passés. Memento mori.
MMK – Museum für Modern Kunst, Francfort (Allemagne), www.mmk-frankfurt.de
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Andy Warhol à la une du MMK
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Andy Warhol à la une du MMK