Le corps et le nu furent, avec l’exploration de toutes les techniques de laboratoire, la grande passion d’André Steiner (1901-1978), y compris dans la photographie de l’espace intime, comme le révèlent au Musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône les soixante-seize photographies des années 1920-1930, extraites des albums familiaux de sa fille Nicole et majoritairement inédites.
À l’instar de Man Ray avec Lee Miller, André Steiner a fait de sa compagne Léa, dite Lily, sa muse et son modèle, jusqu’à la séparation du couple en 1938, non sans appliquer à sa propre photographie familiale les mêmes principes qui prévalent dans tout son travail.
Saisis, sculptés et modelés, le corps et le visage de Lily, y compris dans la maternité, renvoient en effet à la Nouvelle Vision, courant novateur des années 1920, au langage visuel riche en perspectives alors novatrices (plongée, contre-plongée, vision latérale) qui structurent la prise de vue par des diagonales dynamiques et fragmentent le sujet par un cadrage en plan rapproché. Derrière la rigueur du trait et le culte du corps parfait, extrêmement présent durant ces années d’entre-deux-guerres qui virent le développement du sport et du nudisme, l’éclat du bonheur d’une idylle émaille cependant tous les clichés indéfectiblement.
André et Lily se sont rencontrés au club l’Hakoah, le cercle sportif juif de Vienne où le jeune homme, d’origine hongroise, était un des entraîneurs de la section nautique tout en menant de front ses études d’ingénieur, une formation de photographe et un travail de mécanicien. Paris fut le cadre de leur union et de la naissance de leur enfant, Marion, et la photographie, la rhétorique lyrique de leur amour. Ces images où visage et corps libre dégagent une vitalité et une harmonie éclatantes constitueront à cet égard un fonds d’illustrations pour nombre de magazines bien après la séparation du couple, comme le montrent quelques numéros de Vu ou de Paris Magazine présentés dans cette exposition prégnante, prélude à la rétrospective de l’œuvre d’André Steiner, programmée en 2013 au Musée Nicéphore-Niépce.
Musée Nicéphore-Niépce, 28, quai des Messageries, Chalon-sur-Saône (71), www.museeniepce.com
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André Steiner, amour et photographie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : André Steiner, amour et photographie