Alexandre Perigot sur Radio Popeye

Alexandre Perigot ne cesse de produire des œuvres d’une grande simplicité et qui, pourtant, déroutent. A la simple vue de pièces comme Blondasses, Fanclubbing ou Radio Popeye, toutes présentées actuellement au Mamco de Genève, il peut sembler difficile de qualifier avec certitude la pratique de cet artiste. Blondasses est une série de sculptures monumentales réalisées dans les champs de Castelnaudary. Composé de paille, cet ensemble d’œuvres ressemble au premier abord à de simples meules disposées dans la campagne. Curieusement, chacune d’entre elles est taillée et sculptée de façon à évoquer la coupe de cheveux d’une idole des médias contemporains : Pamela Anderson, Claudia Schieffer, Britney Spears... Ce travail ironique et critique pose le problème complexe des rapports entre art et médias dans un monde ou s’effritent petit à petit les anciennes communautés et leurs cultures propres. Avec Fanclubbing, Alexandre Perigot encourage le visiteur à copier à partir d’exemples multiples la signature d’une célébrité contemporaine. Imprimée sur un simple poster, cette signature rejoint ensuite l’ensemble déjà réalisé et présenté sur les murs constituant de ce fait une imposante collection de signatures fausses et monumentales. Quant à Radio Popeye, le projet de l’artiste avait consisté à reconstituer le fameux village de Popeye et d’en présenter trois vues comme s’il s’agissait d’un lieu tout à fait réel. Comme on le voit, la démarche d’Alexandre Perigot joue non seulement sur les stéréotypes qui sculptent notre société mais aussi sur la façon dont notre imaginaire s’approprie les marques d’une culture désormais mondiale. En cela, il établit une indéniable distance critique qui s’intercale entre les lieux communs de notre époque et les pratiques inventives que chacun déploie pour vivre au mieux l’ordre social et la violence des choses.