« Un long poème, un autoportrait, une grande phrase visuelle », telle est, pour reprendre les mots de Michel Draguet, directeur des Musées royaux des beaux-arts de Belgique, l’exposition organisée pour les 80 ans de Pierre Alechinsky. À la fois rétrospective et labyrinthe, elle s’ouvre sur les travaux imprimés de l’artiste, qui a trouvé dans l’imprimerie le « miroir d’Alice » d’un homme qui écrit de la main droite et peint de la main gauche. L’exposition a aussi son miroir d’Alice”‰: un beau livre publié chez Gallimard, composé d’un « Egochrono à petite vitesse », biographie de l’artiste par lui-même, et d’un essai de Michel Draguet.
« Un long poème, un autoportrait, une grande phrase visuelle », telle est, pour reprendre les mots de Michel Draguet, directeur des Musées royaux des beaux-arts de Belgique, l’exposition organisée pour les 80 ans de Pierre Alechinsky. À la fois rétrospective et labyrinthe, elle s’ouvre sur les travaux imprimés de l’artiste, qui a trouvé dans l’imprimerie le « miroir d’Alice » d’un homme qui écrit de la main droite et peint de la main gauche. L’exposition a aussi son miroir d’Alice : un beau livre publié chez Gallimard, composé d’un « Egochrono à petite vitesse », biographie de l’artiste par lui-même, et d’un essai de Michel Draguet.
En 1949, Alechinsky rejoint CoBRa, un mouvement qui oppose l’automatisme physique aux risques de dérives de la technologie. En 1955, il part étudier la calligraphie au Japon et peint son premier grand tableau, La Fourmilière. Comme Dubuffet, dont un échange de lettres avec Alechinsky ouvre le livre Alechinsky de A à Y, l’artiste aime les modestes modèles : pelures d’orange « coiffées d’échalotes », racines ou cailloux, dans lesquels il découvre un monde de lignes d’où surgissent des images, les pièces de mobilier urbain dont il réalise des estampages, transformant des plaques d’égout en astres. En 1965, il abandonne l’huile pour l’acrylique, plus fluide, et peint sur papier marouflé sur toile. À New York, il voit dans Central Park vu de haut un monstre qui lui inspire sa première peinture « à remarques marginales », dont la bordure fixe et démultiplie l’image. Élément de dialogue plastique entre la couleur et le noir et blanc, la marge est un détail qui devient digression, suivant une démarche proustienne. Le titre est lui aussi sujet à digression, Alechinsky étant un véritable « titreur d’élite ».
S’il n’aime pas le mot « hommage », proche du mot « dommage », nombreuses sont ses œuvres « partant » de ses prédécesseurs d’ironie, Bruegel et Ensor, qui rappellent le souvenir de proches : La Mer Noire, à la mémoire de mon père, ouvre l’exposition « Rein, comme si de rien », un hommage à son ami sculpteur Reinhoud qui clôt le parcours. L’artiste aime à citer un vieux précepte chinois, « écoutez le vieillard », et Le Dit du vieux pinceau n’a pas fini de résonner sans raisonner car, comme écrit Dotremont dans un tableau de Jorn cité par Alechinsky : « Il y a plus de choses sur la terre d’un tableau que dans le ciel de la théorie esthétique. »...
Voir « Alechinsky de A à Y », Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 3, rue de la Régence, 1000 Bruxelles, www.expo-alechinsky.be, jusqu’au 30 mars.
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Alechinsky peintre et titreur d’élite
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Alechinsky peintre et titreur d’élite