Dans l’exposition « Ancholia » – fusion du nom de la fleur et d’une ponction dans le titre de la célèbre gravure de Dürer, Melencolia, 1514 –, de l’artiste suisse Alain Huck dont le Centre Pompidou vient d’exposer des œuvres au cabinet d’Art graphique, la nature joue un rôle trouble.
Dans l’installation Eden, Eden, Eden (2012), des agaves impérieux sont alignés comme une armée, les larges feuilles graffitées du mot « Eden ». Un paradis perdu.
Dans la salle maîtresse, l’ossature d’une drôle de cabane nommée Tentation (2012) recadre quatre immenses dessins au fusain, sombres et puissants. Les poteaux, assemblages de différentes essences de bois, ont été moulés en aluminium. Ce quadrilatère, entre esquisse et ruine, aménage une veduta sur les étranges et fascinants « tableaux » à la matière poudreuse.
Alain Huck réalise ses images en les travaillant numériquement avant de les reporter pendant des semaines en très grand au fusain. Puis, dans une « chorégraphie », il brosse la surface, lissant et défaisant le dessin d’un même geste. L’œuvre de Dürer fusionne ainsi avec des entrelacs d’arbustes et de sous-bois (Ancholia), les monuments de Carthage s’agrègent en un théâtre impossible d’une civilisation disparue dans la violence (Ring), une salle de spectacle de Lausanne mute en souterrain (Acte), une cascade se fait matrice (Récidive). Il y a de la poésie et du drame dans l’œuvre d’Alain Huck, un travail qui demande à être apprivoisé avec douceur, avec ce parfum de mélancolie qui lui va si bien.
Centre culturel suisse, 32-38, rue des Francs-Bourgeois, Paris-3e, www.ccsparis.com
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Alain Huck, mélancolie botanique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : Alain Huck, mélancolie botanique