Artiste star de la scène internationale – 13e au classement Artindex Monde 2017, loin devant Damien Hirst (28e) ou Jeff Koons (51e) –, Ai Weiwei (né à Pékin en 1957) investit avec une virulence parfois densément ironique les très classiques espaces du palais de Rumine.
Quarante-deux interventions, des plus monumentales aux plus minimalistes, parfois même si discrètes qu’elles mettent du temps à se révéler au regard, se découvrent comme un jeu de piste au sein des cinq musées et de la bibliothèque abrités dans ce palais de style néo-florentin inauguré en 1902. Chaque œuvre renvoie à un vécu de l’artiste bien particulier. Bicycle Basket with Flowers in Porcelain (2015) évoque le panier à vélo qu’Ai Weiwei avait disposé à l’entrée de son atelier proche de Pékin, où, après son arrestation en 2011 et son emprisonnement dans un lieu tenu secret durant quatre-vingt-un jours, il avait été assigné à résidence pendant quatre ans. Sous les regards des caméras de surveillance, il faisait déposer quotidiennement des bouquets de fleurs, puis les photographiait et les diffusait sur les réseaux sociaux, manifestant ainsi subtilement le maintien de son engagement. « Ai Weiwei a développé une stratégie globale, il ne fait plus de différence entre art et activisme », commente Bernard Fibicher, commissaire de l’exposition. En témoigne avec une terrible clarté Remains (2014), visible dans une vitrine du Musée d’archéologie et d’histoire, composé de cinquante-quatre répliques en porcelaine d’ossements humains collectés clandestinement par l’artiste dans le sol d’un ancien camp de travail en Chine, ou les six plats en porcelaine bleus et blancs peints à la main, réalisés en 2017, retraçant le quotidien des réfugiés fuyant les guerres jusqu’à leur arrivée dans les camps en Europe. Cette exposition est la dernière organisée par le Musée cantonal des beaux-arts au palais de Rumine, avant son déménagement sur un nouveau site entièrement dédié aux arts, Plateforme 10, à deux pas de la gare. Le nouveau bâtiment sera inauguré à l’automne 2019, avant d’être rejoint par deux autres institutions lausannoises, le Musée de l’Élysée et le Mudac (Musée de design et d’arts appliqués contemporains).
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Ai Weiwei, présences délicates et glaçantes
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Ai Weiwei, présences délicates et glaçantes