C’est encore la crise. Dans un contexte global de dépression économique, le Smithsonian American Art Museum traverse lui-même une période de « crise interne » comme l’indique Elizabeth Broun, la directrice, en introduction du catalogue de l’exposition.
Pour faire face, le musée a dû annuler deux expositions temporaires et puiser dans son propre fonds d’œuvres pour monter une exposition moins coûteuse, avec cinquante-six peintures qui ont en commun la… crise. Elles ont été réalisées en 1934, lors de la Grande Dépression qui affecta le pays après le krach de 1929.
C’est à cette date que le président Roosevelt mit en place, dans le cadre du New Deal, le premier fonds d’aide public aux artistes (Public Works of Art Project). Ce premier programme, qui dura six mois, permit à plus de trois mille sept cents artistes, peintres, sculpteurs… de créer quelque quinze mille six cents œuvres pour un coût de 1,3 million de dollars. Seul le thème (les États-Unis) était imposé. Toutes figuratives, ces peintures offrent une image assez complète du pays dans les années 1930, mettant en avant ses valeurs, à savoir le travail, l’optimisme et la solidarité.
Alors que certains s’attachent à retracer des scènes de la vie quotidienne, à l’image d’Agnes Tait qui représente des patineurs sur un lac de Central Park, ou Ilya Bolotowski, pourtant peintre abstrait, qui pose son chevalet chez un barbier, d’autres semblent évoquer leurs angoisses à travers des paysages vides ou des scènes industrielles où l’être humain ne semble pas trouver sa place.
Tenant du mouvement social réaliste, Harry Gottlieb (Filling the Ice House) dresse un portrait plus critique du pays et peint des travailleurs dans une fabrique de glace. L’un des rares artistes noirs-américains à avoir reçu une bourse, Earl Richardson, aborde la question des inégalités raciales dans Employment of Negroes, une scène du sud du pays où figurent des Noirs à l’œuvre dans un champ de coton. « L’exposition, qui célèbre les soixante-quinze ans du premier fonds d’aide publique aux artistes, ouvre le débat sur l’importance de l’art pour sortir un pays de la crise. Le bien-fondé de telles campagnes publiques est avéré au regard de l’héritage qu’il nous a légué », conclut la directrice. Un joli appel du pied au gouvernement actuel.
« 1934 : A New Deal for Artists », Smithsonian American Art Museum, 8th and FStreets, N.W. Washington (États-Unis), www.americanart.si.edu, jusqu’au 3 janvier 2010.
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1934, les artistes et la crise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°618 du 1 novembre 2009, avec le titre suivant : 1934, les artistes et la crise