Zevs - Artiste Urbain

À la démesure du bâtiment, répond celle d’un artiste rompu à l’art de frapper de ses foudres les signes et les symboles. Dans le gymnase transformé en centre d’art par Ora Ito, le pionnier du post-graffiti succède à son vieux comparse Invader et signe une exposition à multiples facettes, entre état des lieux d’un monde abîmé, jeux avec les principes architecturaux du Corbusier et détournements de David Hockney ou de Claude Monet. « Oïkos Logos » présente trois séries de peintures et autant de sculptures, plus un « NFT Store ». On y retrouve les obsessions de l’artiste pour les mises en scène du pouvoir et leurs coulisses. Très tôt émancipé de la pratique du graffiti, Zevs s’oriente dès la fin des années 1990 vers une approche critique des signes inscrits au cœur de la ville. Face à leur profusion, il emprunte à l’aïkido sa manière de retourner à son profit la force de l’adversaire. Les graffitis ? Il les trace au Karcher ou à la peinture luminescente. Les logos ou publicités ? Il les « viole », les « kidnappe » ou les « liquide » symboliquement. En 2021, il célébrait ainsi les funérailles du cow-boy Marlboro à Majorque, Copenhague et Paris après en avoir achevé l’effigie juchée sur le toit d’une usine de cigarettes à Berlin. Ce retournement sémiotique se joue aussi dans la manipulation d’œuvres d’art. Il faut dire, que sous ses allures de contestataire, Zevs est d’abord un artiste. D’ailleurs, au Mamo, sous couvert d’évoquer l’impact écologique des compagnies pétrolières, c’est bien de peinture qu’il s’agit. De peinture raffinée.