En tentant d’explorer les dérives imaginaires suscitées par le domaine de l’astral, « Astralis » se perd dans un propos hallucinatoire et confus.
PARIS - Le visiteur voyage très loin à l’Espace culturel Louis Vuitton, à Paris. Vers un ailleurs certes, mais un ailleurs insondable, dont la géographie demeure impossible à circonscrire, dont la teneur demeure inconcevable à véritablement qualifier ; l’Univers avec un grand « U » en quelque sorte, celui propre à la géographie mentale des artistes. Des douze créateurs ici réunis, le parcours s’intéresse à la production flirtant avec l’au-delà des limites, avec les frontières de la conscience, avec l’expérience des « visions associées au domaine de l’astral », pour reprendre les mots de son commissaire, Pascal Pique : un passionnant mais bien vaste programme !
De ces dérives perceptives, oniriques ou mentales explorées dans « Astralis », dont le titre est emprunté à un poème de Novalis, l’entrée en matière de Børre Sæthre s’impose avec efficacité, sorte d’enfilade d’arches en néon aux relents de science-fiction qui pourraient sembler être des voies d’accès vers l’ailleurs (Sans titre (Arches de Solaris), 2014). Tout comme retient l’attention les tableaux et sculptures mâtinés d’esprit surréaliste et de références psychédéliques de Vidya Gastaldon, où des présences facétieuses semblent émerger des nuages, de la végétation ou des objets dans un vocabulaire plastique décalé et enjoué.
Un parcours nébuleux
Une certaine magie aurait pu opérer de l’ensemble, mais malheureusement le propos se perd dans une confusion entre l’astral et le sombre, entre le voyage mental et l’hallucination. Une vision hallucinatoire, dont d’ailleurs se défend Siobhán Hapaska, auteure d’une des pièces les plus réussies de l’exposition, Quatre anges (2012) : sur une structure de tube d’acier et de béton qui pourtant paraît fragile, quatre blocs de sélénite aux formes cristallines dégagent une étrange lumière et pourraient, de par leur nature, passer pour des outils de communication vers un ailleurs. Cette confusion semble accentuée par une scénographie malheureuse surjouant le sujet lui-même, avec ses éclairages dramatiques réduits au strict minimum et ses espaces intégralement repeints en noir, du sol au plafond – sauf pour les espaces accueillant les pièces de Rina Banerjee et du duo Art orienté objet. Cela rend encore plus lourdes des pièces pour certaines dénuées de finesse, tel ce Dôme des vanités (2014) de Charley Case, sorte d’igloo en métal coiffé de déplaisantes lumières rouges, inspiré par une forme de hutte amérindienne dans laquelle se déroulent des cérémonies de sudation propices au voyage initiatique, et que le visiteur est contraint de traverser comme s’il prenait part lui aussi à une telle cérémonie. Mais à ce moment-là l’inverse se produit, l’esprit reste à quai, solidement ancré au plancher des vaches.
Commissaire : Pascal Pique pour le Musée de l’Invisible
Nombre d’artistes : 13
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Vertige sidéral
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 11 mai, Espace culturel Louis Vuitton, 60, rue Bassano, 75008 Paris, tél. 01 53 57 52 03
www.louisvuitton.com/espaceculturel
tlj 12h-19h, dimanche 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°412 du 25 avril 2014, avec le titre suivant : Vertige sidéral