Le scarabée est un animal à l’attrait indubitable. On pense notamment aux nombreuses sculptures et autres installations conçues par l’artiste belge Jan Fabre à partir de myriade de ces insectes à la beauté métallique.
Un jeune designer français, Jean-Baptiste Fastrez, 30 ans, s’en est lui inspiré pour dessiner un vase pour le moins insolite, pour la firme également hexagonale Moustache. Son nom, évidemment : Scarabée. L’objet, en tout cas, est aussi mystérieux que le coléoptère éponyme. Il faut, en effet, le scruter méticuleusement, voire carrément le « démantibuler », tel un entomologiste, pour se rendre compte du processus par lequel il a été confectionné. Ledit vase se compose, en réalité, de deux éléments imbriqués l’un dans l’autre et maintenus de conserve par une large sangle élastique. D’un côté donc, le corps de l’objet, autrement dit le contenant, fabriqué en céramique émaillée, de manière artisanale. De l’autre, cette pièce qui ressemble peu ou prou à un élytre de scarabée et qui est produite industriellement en plastique, en l’occurrence un polymère thermoplastique transparent (PMMA). Son aspect emprunte, à coup sûr, à certains codes de l’univers du sport. La face avant utilise ainsi cette finition irisée que l’on applique habituellement sur les visières des masques de ski ou sur celles des casques de moto, un domaine dont Jean-Baptiste Fastrez est familier. En 2013, avec une technique identique, le designer avait en effet déjà conçu une applique murale qui fait franchement penser à la visière d’un casque de moto, laquelle fut d’ailleurs tout bonnement baptisée… Moto.
Dans le cas présent, l’élément irisé vient précisément s’emboîter, tel l’élytre sur le corps du coléoptère, dans une feuillure du vase réservée à cet effet, assurant de fait une judicieuse étanchéité visuelle. Si Jean-Baptiste Fastrez puise ses influences tous azimuts, aussi bien dans l’art primitif que dans la production signée par Dieter Rams pour la société allemande Braun, l’homme est avant tout un partisan de l’hybridation, s’amusant à faire se télescoper à l’envi formes et matériaux, toujours prompt à créer l’étonnement. Le contraste, ici, est à la fois habile et saisissant. D’un côté, une masse épaisse, inerte et mate. De l’autre, une forme fine, aérienne et rutilante. Les deux parties n’étant maintenues entre elles que par un dispositif on ne peut plus élémentaire : un simple lien flexible.
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Vase Irisé
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Le vase Scarabée a décroché, en février, l’un des « Wallpaper Design Awards » décernés chaque année par la revue de design anglaise Wallpaper. Il est disponible en deux couleurs : vert optique et bleu optique. Ses dimensions : hauteur 28 cm, largeur 23 cm, profondeur 12 cm. Prix : 370 euros.
À VOIR
Né en 1984, Jean-Baptiste Fastrez est sorti diplômé, en 2010, de l’École nationale supérieure de création industrielle, à Paris, ville où il a ouvert sa propre agence l’année suivante. Son travail est visible sur son site : www.jeanbaptistefastrez.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Vase Irisé