Inutile de rappeler combien la Belgique est une terre fertile de collectionneurs… des collectionneurs souvent très actifs et désireux de faire partager au public leur passion.
Hubert Bonnet est de ceux-là. En 2012, cet homme d’affaires dans l’immobilier, alors âgé de 42 ans, ouvre le Cab (Contemporary Art Brussels), soit 650 m2 d’expositions installés dans un ancien dépôt de charbon des années 1930. L’idée n’est pas alors de montrer sa collection mais plutôt de refléter sa passion pour l’art minimal à travers une programmation biannuelle. Depuis 2016, les expositions s’articulent autour d’une pièce acquise par Hubert Bonnet, une « Maison démontable » de 6 m x 6m réalisée par Jean Prouvé en 1944, exemplaire pour sa modernité et son recours à la standardisation. Cette fois, pour le cinquième et dernier opus de ce cycle autour de cette maison, Hubert Bonnet a invité le commissaire Matthieu Poirier à concevoir une exposition qui tisse un fil rouge entre l’ère constructiviste (avec les petites sculptures en bois de Rodtchenko de 1920) et les résonances actuelles de l’art minimal et concret chez des artistes contemporains comme Émilie Ding ou Valentin Carron, en passant par les figures tutélaires de l’art minimal que sont Carl André, Donald Judd ou Robert Morris. Soit au total une dizaine d’artistes exposés pour l’occasion qui partagent, au-delà des années qui les séparent, un intérêt commun pour des matières (le bois, l’acier, le feutre…) et des formes brutes, simples et puissantes qui convoquent notre corps tout entier, à contre-courant d’une société saturée d’images colorées, séduisantes et passagères qui stimulent en permanence notre cerveau.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Une certaine brutalité du minimalisme
