VÉLIZY-VILLACOUBLAY - En amateur éclairé, l’artiste français Mathieu Mercier (né en 1970) achète et échange des œuvres d’art depuis le début de sa carrière, à la fin des années 1980.
Lauréat en 2003 du prix Marcel Duchamp, il décide de consacrer l’intégralité des 35 000 euros qui lui sont alloués à de nouvelles acquisitions. « Les allers-retours entre ce que je produis, ce que j’achète et ce que j’expose ne sont qu’une seule et même chose », revendique l’artiste. C’est donc tout naturellement qu’il a accepté la proposition du centre d’art Micro Onde, à Vélizy (Yvelines), de présenter une partie (environ un tiers) de sa collection, tout en y mêlant certaines de ses productions, soit quarante-sept œuvres au total.
« L’idée n’était pas d’être exhaustif ni de proposer une reproduction de l’appartement de Mathieu Mercier, mais de réfléchir sur le passage de l’espace privé à l’espace public et de faire des choix qui rendent intelligible sa collection », explique Sophie Auger, responsable du lieu.
Le thème du monochrome et du ready-made s’est imposé comme une évidence à cet artiste qui n’a de cesse de repenser l’histoire des formes et de détourner les objets du quotidien de leur valeur d’usage pour les situer aux limites de l’abstraction. Ainsi, régulièrement invité par les écoles d’art, il propose dans ses workshops de confronter surfaces colorées et objets trouvés.
En guise d’introduction aux mises en tension spatio-temporelles qui guident l’accrochage, l’exposition s’ouvre sur un face-à-face entre un ensemble de sérigraphies abstraites d’Olivier Mosset – réalisées avec ses élèves lors d’un workshop qu’il organisa il y a vingt ans et auquel Mathieu Mercier participa –, et une pièce de 2013 de ce dernier constituée d’une accumulation d’objets « pièges ». Objets dont l’apparence cache la véritable fonction (comme ce coffre-fort dissimulé dans un paquet de corn-flakes), générant un sentiment de trouble.
Étranges fictions
Le deuxième espace, structuré par un cube placé au centre de la pièce, cube autour duquel et dans lequel le visiteur peut circuler, propose une déambulation sans début ni fin. Familier des collages et des télescopages, Mathieu Mercier procède à des regroupements d’œuvres qui amorcent d’étranges fictions tel cet enchevêtrement d’horloges, de lampes et de câbles de Matthew MacCaslin face à la chaise à bascule de Sam Durant…
En pointillé se devine une histoire de filiations et d’affinités dans laquelle Marcel Duchamp occupe une place de choix, comme le révèle la confrontation à forte connotation existentielle d’un de ses dessins (un cœur « cinétique ») avec la fameuse bible de David Hammons et une nouvelle « vanité » de Mathieu Mercier. Une histoire qui, de Duchamp et Man Ray à John Armleder en passant par Daniel Spoerri et Robert Filliou, raconte l’intégration et le dépassement des théories modernes, ouvrant sur la mise en crise des hiérarchies et des catégories artistiques à travers la question de l’objet.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un Mercier privé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 22 mars, Micro Onde, centre d’art de l’Onde, 8 bis, av. Louis-Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay, du mardi au vendredi 13h-19h, www.londe.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°407 du 14 février 2014, avec le titre suivant : Un Mercier privé