Londres - Planté en plein cœur de Kensington Gardens, pile-poil devant la Serpentine Gallery, on ne peut le manquer.
Le Pavillon d’été 2018 du fameux centre d’art londonien est signé par la Mexicaine Frida Escobedo, 39 ans. Sa particularité : arborer deux visages. Selon l’angle dans lequel on se trouve, ses murs passent, en effet, d’un aspect complètement transparent à quasi opaque. Ceux-ci sont, en réalité, constitués d’un module très simple : une tuile en ciment de couleur gris foncé, utilisée habituellement au Royaume-Uni. « Nous voulions, d’abord, travailler avec des matériaux simples et surtout locaux, et, ensuite, ne pas faire de formes ultra-sophistiquées, explique Frida Escobedo. À partir de ce module de construction, superposé de manière élémentaire, nous avons imaginé un motif pour générer les parois, une sorte de “mur-écran” qui filtre la vue. » Ce système s’inspire aussi de la technique de la Celosia, manière d’ajourer les murs habituellement utilisée au Mexique pour faire pénétrer l’air et la lumière à l’intérieur d’une maison. « Le Pavillon flirte avec cette double notion intérieur/extérieur. On y est à la fois dedans et dehors. C’est un espace complètement sûr : on peut voir au travers, sans être vu », explique l’architecte. L’effet est bluffant, et réussi. Surface de l’édifice : 233 m2. Hauteur : 3,24 m.En plan, le Pavillon semble résulter d’un geste simple : l’emboîtement de deux volumes rectangulaires placés dans un angle. L’un est parallèle à la façade de la Serpentine Gallery, plein est, tandis que l’autre est orienté au nord. « La simple rotation crée une cour intérieure, caractéristique très répandue dans l’architecture domestique mexicaine, souligne Frida Escobedo. Elle permet, en outre, de produire une série d’espaces irréguliers ». À l’intérieur du Pavillon, dans l’espace principal, une vaste cour intérieure donc, deux éléments réfléchissants accentuent, la journée durant, le mouvement de l’ombre et de la lumière : d’une part, au sol, un bassin empli d’eau arbore un fond réverbérant ; de l’autre, le plafond en forme d’aile d’avion est habillé de panneaux-miroirs. « Le mouvement du soleil à travers le ciel, reflété et réfracté par le bassin et le plafond, encourage la conscience du temps qui passe dans l’expérience partagée et dans la contemplation », promet l’architecte. « Le Pavillon d’été est un sacré exercice, admet-elle, car il s’agit de concentrer en un micro-espace ses idées sur l’architecture et d’y mettre en scène l’esprit et l’ethos de son agence, le tout avec un budget restreint. » Bref, un monde en soi.
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Tuiles mécaniques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Tuiles mécaniques